Debbie Ross est l'alter ego de Mario Chartrand, un coeur de femme tapi dans un corps d'homme.  Dans son visage cohabitent une rude pilosité et le regard frêle d'une fille qui sait comment satisfaire ses hommes...

As-tu l'impression d'être né dans le mauvais corps ?

Je SUIS une femme. J'ai vécu 25 ans travesti et j'ai arrêté de le faire en 2001, parce que je n'en avais plus l'énergie, à cause de mes maladies des os.  À la fin, ça me prenait une heure juste pour me maquiller.

Comment t'es-tu transformé en fille de joie ?

Je suis devenu prostitué, parce que j'ai vu que c'était facile et très payant.  As-tu vu ma grosseur et la longueur de mes jambes? Tu mets une paire de boules là-dessus et j'te dis qu'on y croit !

Tu as vécu la réalité des deux sexes. Est-ce que c'est plus facile d'être un homme ou une femme ?

En femme, j'ai jamais payé un criss de taxi ou un drink. On est mieux traité, on reçoit des cadeaux...  Mais, quand j'ai fait du pouce de Montréal à Saint-Jérôme habillé en gars, par exemple, je peux te dire que j'ai dû faire le trajet à pieds...

Y a-t-il un client avec qui tu as eu une histoire à la Pretty Woman ?

Je suis déjà tombée follement amoureuse d'un client. J'ai été sa deuxième femme durant 10 ans. On vivait ensemble du dimanche soir au vendredi matin et il retournait vivre avec sa femme et ses enfants la fin de semaine.

En terminant, quelles sont les requêtes les plus étranges que des clients t'ont faites ?

À 18 ans, j'ai fait 800$ avec un homme sans me déshabiller : je lui ai juste marché sur le corps avec mes talons aiguilles. Un autre gars m'a déjà demandé de prendre mon ongle le plus long pour lui crosser le trou du pénis et un autre de lui twister les gosses. Plusieurs clients m'ont déjà aussi demandé de les maquiller et de les habiller en fille, avant de me dire : «Fourre-moi !» Finalement, il y en avait un qui aimait me fouetter les mains... mais ça n'a pas duré.