Pour notre spécial âge d'or de cet été, on a choisi comme rédactrice en chef invitée une grand-mère qui préfère passer ses soirées à faire la fête avec Xavier Dolan plutôt qu'à jouer au shuffle-board aux Résidences Soleil. Il n'y a pas à dire, du haut de ses 89 ans, Janine Sutto est encore dans le coup.

Pourquoi avez-vous accepté de collaborer avec Urbania pour le numéro sur l'âge d'or?

Parce que ça fait un bon bout de temps que je suis «là-dedans», chère!

Et c'est comment?

Je ne sais pas qui a inventé l'âge d'or, mais c'est très cruel. Plus on vieillit, plus on perd des forces et plus on est obligé de compter sur les autres. J'ai souvent besoin d'aide pour des choses stupides, comme ouvrir une simple boîte. Pour moi, c'est la pire chose. C'est embêtant d'avoir à demander de l'aide à des gens qui ne te doivent rien. La seule chose qui est rassurante, c'est que ça arrive graduellement. Si ça venait d'un coup sec, tout le monde mourrait sur-le-champ!

Physiquement, ça ressemble à quoi?

On raccourcit. Moi, en tout cas, j'ai beaucoup rapetissé. Je dois bien avoir perdu quatre pouces. Et six autres depuis que je ne porte plus de talons hauts. C'est ça mon problème!

Comment gardez-vous la forme, Madame Sutto?

Janette Bertrand m'a initiée au Pilates il y a six ans. Aujourd'hui, elle n'en fait plus, mais moi, je continue de mon côté. C'est important de bouger.

Beaucoup de comédiens font appel à des chirurgies plastiques. Qu'en pensez-vous?

Ce n'est pas juste les comédiens. Tout le monde veut paraître jeune. Il y a 30 ans, je ne me suis fait faire un lifting du visage... Il ne m'en reste plus grand-chose, mais j'ai quand même une base, il me semble.

Vous êtes très belle.

Pas à mon âge.

Vous êtes très belle pour une petite vieille.

C'est gentil ma petite fille.

Est-ce une insulte de se faire dire qu'on est vieux?

Non. D'ailleurs, ça me fait toujours rire lorsque les gens me demandent quel rôle je tiens dans une pièce. Je joue celui de la «p'tite vieille» depuis tellement d'années maintenant...

Vous n'avez jamais rêvé à Liberté 55?

Jamais! J'ai la possibilité de pratiquer un métier que j'aime passionnément et où il n'y a pas de retraite. Les gens qui ont hâte de mettre fin à leurs activités font peut-être un métier qui leur pèse. Je suis chanceuse, mais je ne me fais pas d'illusions: le temps passe et je ne pourrai pas travailler très longtemps encore. Lorsque les directeurs me parlent des tournées prévues pour 2012, ça me fait sourire. Je ne sais pas où je serai, moi, en 2012! On n'est pas immortel, chère.