Les réseaux sociaux ont bouleversé notre quotidien. La vie de plusieurs s'est littéralement transformée grâce - ou à cause de - Facebook et Twitter. Notre journaliste a enfilé ses habits de Claire Lamarche, veston à épaulettes et chemise fleurie inclus, et est allée recueillir le témoignage de quatre personnes qui ont vu leur existence basculer à cause d'un message sur leur wall, d'un tweet ou d'un poke.

«Il y a deux ans, pendant que j'étais en congé dans le Sud, j'ai reçu un message dans ma boîte Facebook: "Salut, je m'appelle Josée, si ton père se nommait Richard Delisle et qu'il est décédé en 1991, je suis ta soeur." Les informations collaient effectivement avec mon père. Je ne savais pas trop quoi faire avec ça, mais j'étais déjà conscient que ce petit message-là changerait une partie de ma vie.

Le courriel m'est arrivé quand ma soeur, c'est-à-dire celle que je pensais être ma seule soeur jusque-là, était en train de mourir à l'hôpital. C'est peut-être con, mais j'avais l'impression que je la trahirais si je répondais tout de suite à cette fameuse Josée. Finalement, de retour de mes vacances, je lui ai envoyé un message sur Facebook. On était réellement frères et soeurs, de deux mères différentes. Mon père avait deux familles et menait une double vie. Ça expliquait pourquoi il avait été si souvent absent quand j'étais jeune. D'un seul coup, j'ai compris bien des affaires.

Je pensais avoir eu la surprise de ma vie en apprenant que j'avais une demi-soeur, sauf que je me trompais... Josée était juste la pointe de l'iceberg: elle ne venait pas toute seule, mais carrément en format Club Price, avec quatre autres soeurs et deux frères. Vraiment, mon père n'avait pas été celui que j'imaginais... J'ai mis à jour tout un côté de son existence avec Josée, j'ai appris à le connaître à travers elle. À un certain moment, j'ai voulu qu'on arrête de parler de lui, car c'était complètement en train de briser la belle image qui m'en restait.

Josée avait vraiment envie de me rencontrer en vrai et un jour, elle a forcé les choses en se pointant chez moi. J'étais content de la voir, je l'ai fait entrer, on a jasé, mais après son départ, j'ai ressenti le besoin de poursuivre dans le virtuel et de continuer notre relation sur Facebook pendant encore quelque temps. Ça fait qu'on s'est parlé des soirées entières sur le chat et par courriel. C'était plus facile de briser la glace avec l'écriture. Puis je n'avais pas envie de brusquer les choses.

J'veux dire, c'était un choc pour moi: quelques semaines auparavant, je croyais que j'étais orphelin et boum! du jour au lendemain, je me suis ramassé avec une famille immense.

Aujourd'hui, Josée est devenue une des personnes les plus importantes dans ma vie. Tout ça parce qu'un jour, elle a croisé par hasard l'ancien meilleur ami de mon père, qui lui a dit qu'elle avait un frère qui s'appelait Patrick, qu'il était journaliste et qu'elle, elle s'est inscrite à Facebook dans l'espoir de me retracer.»