À 19 ans, Laura Doyle-Péan, qui achève ses études au cégep Limoilou, vient de recevoir la prestigieuse bourse Loran, d'une valeur de 100 000 $, lui permettant de faire des études supérieures. Elle fait partie des 35 jeunes sélectionnés parmi un peu plus de 5000 candidatures venant de partout au Canada, choisis pour leur engagement dans leur école ou leur milieu.

Laura Doyle-Péan croit fermement qu'on peut changer le monde dans lequel on vit, un projet à la fois. C'est ce qu'elle fait, en tout cas, et depuis longtemps.

«J'étais déjà impliquée au primaire, mais c'est en troisième secondaire que ça a vraiment débloqué. Je faisais partie de sept comités, en plus des projets à l'extérieur de l'école», nous a raconté au téléphone l'élève en Arts, lettres et communications, qui venait de sortir d'un examen de cinéma et qui multiplie les entrevues depuis qu'elle a obtenu la bourse Loran il y a une semaine.

Au cégep Limoilou, Laura Doyle-Péan est directrice générale du journal étudiant, en plus de s'impliquer dans les comités environnement et femme - entre autres. Elle est aussi secrétaire du conseil d'administration de la Table de concertation du Mois de l'histoire des Noirs de Québec, en plus d'être porte-parole du comité local Entraide universitaire mondiale canadienne de Limoilou, qui parraine des étudiants réfugiés, et qui a récolté 46 000 $.

«J'ai de la difficulté à me limiter. J'ai souvent l'impression de ne pas en faire assez. C'est pour ça que je m'implique dans des projets qui ont une portée plus grande.»

«Quand j'ai entendu parler du programme de parrainage en 2017, j'ai su que je devais embarquer, parce que ça rejoignait tout ce que je voulais faire», explique-t-elle. 

Il n'y a pas de hasard, une amie de Laura, Gaëlle Mével, qui étudie au cégep Garneau, a également remporté la bourse. «Quand on s'est croisées aux entrevues pour la sélection régionale à l'Université Laval, on a éclaté de rire! Puis je me suis dit que c'était logique qu'elle soit là, elle aussi.»

Après le processus de sélection au Québec - environ une quarantaine de personnes rencontrées à Québec, Montréal et Sherbrooke - , les deux jeunes femmes se sont retrouvées à Toronto, où avait lieu la finale. «Nous étions 88 et ils en choisissaient 35. J'ai rencontré plein d'autres jeunes pendant ces quatre jours. Je trouvais que tous les projets étaient exceptionnels et que tout le monde méritait amplement de recevoir la bourse! Ce qui est beau, c'est qu'on est tous restés en contact. C'est très inspirant.»

Femme d'action 

Le comité de sélection devait juger du sérieux de la démarche de chacun, et on n'est pas étonnée que celle de Laura Doyle-Péan ait été remarquée. La jeune femme, qui vient d'envoyer sa demande pour étudier en droit à l'Université McGill, a en effet l'intention de continuer à s'impliquer activement.

«C'est le but de la bourse: comme les droits de scolarité et le logement sont payés, ça nous permet de continuer nos projets.» Elle est donc déjà en contact avec le comité de parrainage d'étudiants réfugiés de McGill, mais doit aussi terminer son recueil de poésie, qui sera publié aux éditions Mémoire d'encrier. Quand? «Quand il sera fini!»

La jeune femme l'admet, elle aime l'action et ne passe pas beaucoup de temps à ne rien faire. «C'est très rare! J'essaie, mais je me sens mal quand je prends trop de temps pour moi. Je travaille là-dessus, le sentiment de culpabilité. En même temps, si je n'aimais pas ça, je ne le ferais pas.» Quand elle s'arrête, c'est souvent pour lire. «Une bédé par semaine pendant l'année, et l'été, je lis un roman ou un essai toutes les deux semaines.»

S'engager

Quand elle regarde sa génération, Laura Doyle-Péan voit plein de jeunes impliqués... et plein d'autres qui ne savent pas comment faire. «Je pense que des fois, il y a une peur de l'engagement. Mais il faut se laisser le temps d'apprendre et de se développer!» 

«Il y a chez les jeunes un désir d'agir. C'est quand même leur futur qu'ils bâtissent.»

Si elle a commencé à s'engager dès le secondaire parce que des plus vieux lui ont dit que le temps passerait plus vite ainsi, elle y voit aussi une foule d'autres avantages.

«Ça aide beaucoup à combattre le sentiment d'impuissance. Le monde ne va pas super bien, mais c'est possible de mener des projets qui font en sorte qu'il aille un petit peu mieux. On peut avoir un petit impact à notre échelle, rencontrer d'autres gens qui ont leur projet, et ensemble faire un plus gros projet qui a encore plus d'impact. C'est bon pour le moral, et ça donne espoir. C'est important, à notre époque, d'avoir le moral.»