Notre humeur dépend de notre style de vie, écrit Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d'addictologie à la faculté de médecine Paris-Diderot. Tout dépend de notre alimentation, de notre activité physique et même de la musique qu'on écoute! L'auteur nous donne des conseils simples afin d'être en santé et de bonne humeur dans Les 4 saisons de la bonne humeur - Un programme annuel  de santé pour le corps et l'esprit.

Être de bonne humeur, c'est vraiment bon pour la santé. Pourquoi?

La santé de l'esprit est bonne pour la santé du corps. Quand on est de bonne humeur, on diminue son adrénaline, et l'adrénaline est un grand toxique, car elle contracte les vaisseaux. On augmente son espérance de vie et on va même diminuer son taux de sucre dans le sang, car nous voyons que les diabétiques qui sont de bonne humeur ont moins besoin d'insuline que les autres. Quand on augmente l'adrénaline qui est l'hormone du stress et de la mauvaise humeur, on augmente son risque de coagulation et donc son risque d'accident cardiovasculaire. Il y a un mode de vie, une manière de penser, de manger, de bouger qui, objectivement, diminue le taux d'adrénaline et augmente le taux de sérotonine, l'hormone de la bonne humeur.

Que faut-il faire pour être de bonne humeur?

Beaucoup de recherches démontrent que les personnes de bonne et de mauvaise humeur n'ont pas la même alimentation. Certains aliments qui font travailler le tube digestif ont un effet sur la bonne humeur, comme les cornichons, la choucroute, le thé noir. Certaines carences alimentaires font que le cerveau n'est plus alimenté en molécules de la bonne humeur. La mauvaise humeur, c'est quelquefois une mauvaise manière de manger, trop de sédentarité. On a trop tendance à penser que la mauvaise humeur est une question de nature ou de fatalité, alors que ça dépend de notre style de vie. Nous pouvons par notre mode de vie agir sur nos émotions.

Quels aliments faut-il donc consommer?

Les aliments qui sont importants sont ceux qui contiennent de la vitamine D: sardines, maquereaux, oeufs, foie, car la peau a besoin de soleil pour fabriquer de la vitamine D, et en hiver, nous sommes moins exposés au soleil. Une personne sur deux souffre de rachitisme de l'émotion, car en carence de vitamine D. Les neurones du centre du cerveau, celles qui portent les émotions, ne peuvent pas travailler sans vitamine D. Sans elle, on ne peut pas se sentir bien, et le risque de déprime augmente.

Le thé noir contribue aussi à la bonne humeur?

Il est bon de boire deux tasses de thé noir par jour, car il comporte des molécules anti-déprime, il diminue le taux d'adrénaline. En plus, lorsque vous tenez la tasse chaude, les vaisseaux du bout de vos doigts se dilatent, cette dilatation envoie un message positif au cerveau.

Écouter de la musique a de réels bienfaits sur l'humeur?

Oui, à certaines conditions. Il faut que ce soit une musique qui vous plaît, il faut l'écouter le soir dans une situation où vous êtes physiquement détendu, et en pleine conscience, c'est-à-dire pas en fond sonore. Dans nos services hospitaliers, nous utilisons la musique pour aider les nourrissons dont les neurones sont abîmés à reprendre une bonne activité cérébrale. C'est un vrai médicament, la musique. Quand vous écoutez une musique que vous aimez, la crème glacée que vous mangez vous apparaît plus sucrée. Objectivement, si vous écoutez de la bonne musique en mangeant, vous allez moins manger, et avoir plus de sensation de satiété à apport calorique égal.

Marcher pendant six minutes actives contribue vraiment à la bonne humeur?

Souvent, on se dit : demain, je deviens un grand sportif, je me lance dans de grands défis ou je ne fais rien. Il faut sortir de ce raisonnement du tout ou rien. Même si vous n'êtes pas sportif, en marchant six minutes par jour, vous avez 30 % de bonne humeur de plus et vous augmentez un peu le rythme cardiaque. Pas besoin de s'épuiser! L'effet sur la bonne humeur est meilleur avec un effort non épuisant comme la marche.

photo fournie par Benjamin Decoin 

Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d'addictologie à la faculté de médecine Paris-Diderot

Vous dites que faire son pain rend de bonne humeur. Pourquoi?

Vous avez, dans la fabrication du pain, de grandes actions psychologiques, riches en émotions positives. Avoir les mains dans la farine collante vous fera du bien, vous ne ruminerez pas vos angoisses, vous serez dans l'instant présent, vous travaillez l'estime de vous-même, car vous fabriquez quelque chose et ça vous donne confiance en vous. Quand la pâte repose, vous emmagasinez de bonnes émotions. De plus, vous mettrez beaucoup moins de levure que les industriels, donc votre pain sera plus naturel et digeste.

Voir des amis contribue aussi à la bonne humeur?

Absolument. On a trois types d'amis dans la vie. Les vrais amis qu'on voit régulièrement, les piliers de notre bonne humeur. On a aussi les amis potentiels qui sont extraordinaires pour l'estime de soi. C'est ceux qu'on croise, qu'on trouve sympas, à qui on dit toujours qu'on va les inviter à souper, ces amis potentiels sont positifs. Puis il y a les amis en ligne. Si vous passez votre temps à «liker» sur Facebook et que vous négligez vos vrais amis et amis potentiels, vous ne stimulez pas autant vos molécules de la bonne humeur, y compris au niveau cérébral, et je dirais même que les amis en ligne pourraient vous rendre de mauvaise humeur.

Le printemps arrive, quels conseils donnez-vous pour cette nouvelle saison?

Ce sera le moment de faire le plein de nouveaux légumes du printemps! C'est un moment de nouveauté. L'effet de stimulation vient de la nouveauté. Un nouveau livre à lire, un nouveau restaurant à essayer, le tout sur une terrasse ensoleillée!

photo fournie par l'éditeur

Les 4 saisons de la bonne humeur - Un programme annuel de santé pour le corps et l'esprit de Michel Lejoyeux