Une jeune femme turque a poussé les gendarmes jusque-là réticents à arrêter mercredi son ancien petit ami en publiant sur son blogue des photos de son visage tuméfié par les coups lui portaient, a rapporté le quotidien Hürriyet.

Dans une note publiée mardi sur son site (www.kubray.com), Kübra Yilmaz, âgée de 22 ans, s'est décidée à décrire en détail les coups et le harcèlement de son ex-compagnon, expliquant que sa plainte était jusque-là restée sans suite.

«Si je suis tuée ou attaquée quand je quitte ma maison pour aller au supermarché ou si je finis à la morgue avant de pouvoir rentrer, il faut que vous sachiez qui m'a tuée», y a-t-elle expliqué en donnant le nom de son agresseur.

Pour accréditer son récit, la jeune femme, qui vit dans la station balnéaire d'Alanya (sud), a publié une série de clichés de son visage et de son corps recouverts de bleus et des traces de coups attribués à son ex-petit ami.

Son appel a été largement relayé sur les réseaux sociaux et a suscité mercredi l'intervention d'avocats, d'agents des services sociaux et de gendarmes qui l'ont escortée jusqu'à la gendarmerie locale pour enregistrer sa plainte.

Repéré à proximité de son domicile, l'auteur présumé des coups a été rapidement interpellé mercredi, selon Hürriyet.

Les violences conjugales sont récurrentes en Turquie où, selon l'Association turque des droits de l'Homme (IHD), les meurtres de femmes ont nettement augmenté ces dix dernières années pour atteindre 294 cas en 2014.

L'opposition et les mouvements féministes turcs reprochent au régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, d'entretenir les violences contre les femmes par leurs préjugés religieux.

M. Erdogan s'est régulièrement illustré par ses sorties polémiques sur les femmes. Il avait notamment assuré que les féministes n'avaient «rien à faire avec notre religion et notre civilisation» et que l'égalité homme femme était «contre nature».