La violence verbale en milieu de travail est dirigée autant contre les hommes que contre que les femmes, selon une nouvelle étude montréalaise. Par contre, la violence physique est dirigée davantage contre les hommes.

« Comme le milieu étudié était celui de la santé, en majorité féminin, il se peut que les hommes se conforment aux comportements des femmes et soient moins agressifs que dans d'autres milieux », explique Stéphane Guay, de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, auteur principal de l'étude parue dans la revue Aggression and Violent Behavior. Les taux d'agressions verbales allaient de 43 % à 87 %.

Les chercheurs ont recensé 94 études sur le sujet, mais n'ont pu tenir compte que de 29 d'entre elles - dont 24 étaient dans le secteur de la santé. La majorité des études ne rapportaient pas un risque plus élevé selon le sexe. Les deux tiers des études qui concluaient à une différence entre les hommes et les femmes indiquaient que les hommes étaient plus susceptibles d'être victimes de violence verbale. L'équipe de M. Guay publiera aussi une autre étude sur la violence physique, dont les résultats préliminaires montrent que les hommes sont plus à risque d'en être victimes.

« Même dans les études que nous avons retenues, il y avait des questions de définition, dit le psychologue. Par exemple, certaines tenaient compte de toute la carrière, d'autres seulement des 12 derniers mois. »

TROIS EXPLICATIONS

Pour expliquer que les hommes semblent parfois plus touchés par la violence verbale dans un sous-groupe d'études, et de manière générale pour la violence physique, les chercheurs ont avancé trois explications : les hommes ont tendance à protéger leurs collègues visées par de la violence verbale, ce qui les place sur la ligne de front des insultes ; il pourrait être plus acceptable d'être agressif envers un homme qu'envers une femme, parce qu'il est socialement considéré comme moins vulnérable ; et les femmes pourraient avoir plus volontiers recours à la négociation et les hommes, à la provocation dans leurs relations avec des employés du même sexe.

Flou sur les agressions sexuelles

Les chercheurs n'ont pas pu étudier les agressions sexuelles, parce que leur définition est trop variable, selon Stéphane Guay. « Avant de s'attaquer au problème, il faut mieux définir ce que sont l'agression et le harcèlement sexuels. Il faut notamment tenir compte de la subjectivité. Depuis quelque temps, il y a beaucoup de dénonciations et de témoignages d'agressions sexuelles graves. Ça semble avoir poussé des victimes d'agressions moins graves à reconnaître qu'il s'agit quand même d'agressions. » Faut-il considérer comme du harcèlement ou comme une agression tout comportement qui a créé de la détresse chez la victime, indépendamment de la norme sociale en vigueur ? « C'est sûr qu'il faut commencer par les cas plus graves, plus évidents, de harcèlement et d'agression, dit M. Guay. Sinon, on va créer des problèmes là où il n'y en avait pas. »