Avec la parution de son premier livre autobiographique, Lena Dunham (l'auteure, réalisatrice, productrice de la série à succès Girls) se révèle dans tout son humour avec Not That Kind of Girl: A Young Woman Tells You What She's « Learned ».

Paru (en anglais) à la fin septembre, le livre était l'une des publications les plus attendues de la rentrée, chez nos compatriotes et voisins anglophones.

Rappelons en effet que pour mettre la main sur les confidences plus ou moins croustillantes et plus ou moins romancées de Lena Dunham, 28 ans, l'éditeur Random House avait consenti à une avance de plus de 3,5 millions US: une somme presque hollywoodienne et qui nie quasiment les difficultés que traversent les éditeurs américains.

Les fidèles de Girls se demanderont sans doute ce que Lena Dunham, qui se met en scène sous toutes les coutures depuis les débuts de sa série phénomène, pourra bien leur apprendre sur elle dans ce livre.

Réponse: pas grand-chose.

La voix de Lena Dunham se confond aisément avec celle de son personnage, Hannah (souvenez-vous d'ailleurs que dès le premier épisode, Hannah confiait à ses parents qu'elle pourrait bien être « la voix » de sa génération: une prophétie autoréalisatrice?).

Lena Dunham passe en effet en revue tous les grands soucis des jeunes femmes de son âge (et, évidemment, de son milieu). Sexe, physique, amitié, travail et questionnements existentiels : les choses graves comme les choses les plus légères passent au tordeur.

Ainsi Lena Dunham revient-elle sur ses années d'apprentissage, et les grands malaises que l'on a tous connus à l'adolescence. Faut-il rester vierge? Ou non? À cette question qui l'a taraudée pendant plusieurs années, Lena Dunham répond avec sagesse.

« C'est clairement plus facile d'avoir des relations sexuelles que je ne le croyais », constate-t-elle, avant de décrire toutefois plusieurs années de disette sexuelle ou sentimentale.

Ses errances l'ont conduite à « dater » des hommes qui ne s'intéressaient pas forcément à elle. Moment le plus hilarant du chapitre, qui raconte tout de même un viol, sa liste des choses improbables dites pendant un flirt. Jugez plutôt, avec cette citation classée en neuvième position: « Tu devrais venir à la maison, mon père est super drôle. »

Confidences traitées avec humour

On retrouve dans ce premier livre le sens de l'humour particulièrement décapant de son auteure, qui s'attaque à des sujets souvent tus, ou rarement traités avec humour. Sa description des règles douloureuses (et des réveils matinaux ensanglantés qui donnent l'impression d'avoir reçu une balle dans le vagin) est ainsi particulièrement drôle (ou réaliste, pour celles qui y reconnaîtront leurs problèmes intimes).

Bizarrement, ce livre, du reste trop drôle pour être introspectif, peut réconcilier ceux qui trouvent le personnage d'Hannah particulièrement insupportable avec son auteure.

Certes, Lena Dunham a grandi dans un milieu très privilégié (à SoHo, au sein d'une famille d'artistes) et à l'abri de bien des problèmes que la majorité de ses consoeurs vivent. Elle a connu un succès majeur, très jeune, et n'a donc connu que de très relatives galères.

Mais son sens de l'autodérision vaut bien quelques passages superficiels ou trop longs.

Faut-il donc bouder ce livre, descendu en flammes par une partie de la critique américaine? Sans doute pas.

Lena Dunham a une voix qui, si elle a encore besoin d'être travaillée pour devenir celle de sa génération, n'en est pas moins unique. Et, sous des airs de divertissement léger, elle a le mérite de s'attaquer à bien des petits et grands soucis de la vie des jeunes femmes modernes. Il y a certes des auteures de littérature qui le font mieux. Mais rares sont les jeunes femmes qui ont, dans le grand public, le poids de Lena Dunham. À travers elle, leurs voix sont déjà plus audibles.

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Not That Kind of Girl, Lena Dunham, Random House, 288 p., 28 $

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Not That Kind of Girl, Lena Dunham, Random House, 288 p., 28 $