Les professeurs devraient recevoir des primes en fonction de la performance de leurs étudiants si le système d'éducation canadien veut rester compétitif, selon une étude réalisée par l'Institut Fraser.

Le groupe de recherche conservateur et non partisan estime que, comme tous les autres professionnels, les enseignants devraient être récompensés seulement lorsque leur performance le justifie.

D'autres pays ont développé des mesures incitatives pour les professeurs, ce qui a eu pour effet d'améliorer les résultats des élèves. Les pédagogues sont actuellement rémunérés en fonction de l'ancienneté et de leurs diplômes.

Dans certains cas, ces incitatifs se sont avérés plus rentables que l'augmentation des budgets globaux en éducation ou la diminution du nombre d'élèves par classe.

Le Canada, bien que ses étudiants affichent généralement de bonnes notes par rapport aux autres pays, ne peut se contenter du statu quo, selon l'auteure de l'étude, Vicki Alger. Elle remarque qu'il existe au pays un grand déséquilibre dans les résultats entre les provinces et les territoires, mais surtout entre les Autochtones et les autres Canadiens.

«Il faut agir maintenant... Le monde devient de plus en plus compétitif», a-t-elle souligné.

La chercheuse mentionne toutefois que ces programmes devraient être élaborés avec la collaboration des enseignants pour déterminer les critères de récompense. «Un débat dont le but ultime serait d'améliorer la performance des étudiants, où l'opinion de tous est considérée, serait déjà un bon début», a-t-elle soutenu.

Ainsi, par exemple, au lieu d'octroyer des hausses salariales à tous, le gouvernement devrait cibler les professeurs qui forment de meilleurs étudiants.

Résistance dans le milieu de l'éducation

Les syndicats et certains enseignants sont réticents à une telle mesure, notamment parce que tous les autres facteurs qui influencent la réussite scolaire, comme les conditions socio-économiques des étudiants, ne sont pas considérés dans cette analyse.

Selon Wayne Ross, professeur en éducation à l'Université de Colombie-Britannique, cette proposition de l'Institut répand l'idée «qu'une prime va changer la façon dont les gens se comportent et que l'argent en est la motivation principale».

Annie Kiddler, de l'organisme ontarien People for Education, croit aussi que l'éducation ne peut pas se comparer au domaine des affaires. «Les professeurs choisissent ce métier pour des raisons altruistes. Ils veulent faire une différence dans la vie des enfants, ils veulent les aider», a-t-elle insisté.

«Le Canada a un bon système d'éducation par rapport aux autres pays et il n'y a aucune preuve, en considérant les élèves en difficulté, que l'enseignement est en cause», a-t-elle conclu.