Très populaires aux États-Unis, ceux qu'on appelle désormais des concierges, assistants personnels ou adjoints commencent tranquillement à se faire connaître ici. Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des gens vendre ainsi leurs services pour s'occuper de votre épicerie, de l'emballage de votre cadeau de Saint-Valentin ou même de promener votre chien, sur Kijiji, Facebook ou directement par courriel. Mais qui sont ces professionnels? Que vendent-ils exactement? Et qui a recours à leurs services? Vous trouvez que ça a l'air louche? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les assistants personnels, mais que vous n'avez jamais osé demander...

1. Non, les concierges ne vendent pas des filles en bikini pour laver des autos.Réglons tout de suite la question. Parce qu'elle est évidemment sur toutes les lèvres. Tous les assistants personnels se font d'ailleurs taquiner à ce sujet. Mais non, n'en déplaise aux esprits mal tournés, on n'a «jamais demandé de filles en bikini pour nettoyer des autos», à Jean-Hugues Coudry, président du Butler's Club. Pas de filles en bikini, ni aucune autre variation sur le même thème, en fait. Il faut dire qu'avec tous les services d'escortes par ailleurs offerts sur l'internet, il n'y a pas grand intérêt à frapper à la porte d'un adjoint personnel, qui vend des services très clairement définis, en tout bien tout honneur, pour des faveurs du genre.

2. Que vendent-ils, alors?

Vous voulez vraiment le savoir? C'est tout simple: du temps. Qu'il s'agisse d'aller chercher vos chemises chez le nettoyeur, d'organiser la fête-surprise de votre tendre moitié ou de planifier votre voyage d'été, les adjoints personnels proposent de faire tout ce que vous n'avez tout simplement pas le temps - ni peut-être le talent ou l'envie - de faire. Tout simplement. Dans une famille où les deux conjoints travaillent, entre les enfants, les obligations familiales et les loisirs, il reste souvent bien peu de marge pour les imprévus. «Les gens ont de plus en plus de choses à faire, analyse le sociologue Simon Langlois, de l'Université Laval. Mais la journée n'a toujours que 24 heures. Tout cela, c'est le signe de l'énorme contrainte qu'est aujourd'hui le temps.» Du coup, demandez, et ils le feront à votre place. Si c'est légal, c'est réalisable.

3. Est-ce un luxe de riche?

Évidemment, plusieurs vedettes, des joueurs de hockey et les riches et célèbres de ce monde ont recours à des services du genre. Il faut être d'abord drôlement occupés, et avoir un certain salaire, pour payer quelqu'un pour aller faire ses courses, réserver un resto ou démarrer le chauffage avant d'arriver au chalet (luxe ultime). Mais pas seulement. Tous les adjoints personnels le confirment: le gros de leur clientèle se situe dans la classe moyenne - certes aisée, mais dans la classe moyenne tout de même. Le plus souvent, il s'agit de couples avec enfants, qui ont besoin d'un coup de pouce pour concilier le travail, la famille, les loisirs et tout ce que cela implique. Le service, qui coûte entre 50 et 100$ l'heure, selon les agences, peut être finalement drôlement justifié s'il vous évite de perdre des heures précieuses de travail, par exemple. Pensez-y la prochaine fois que vous attendrez en vain le réparateur de lave-vaisselle...

4. Pour les hommes ou les femmes?

Pas de discrimination ici. Mais les demandes sont toutefois très stéréotypées. Et un brin prévisibles. D'abord, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à déléguer le magasinage. Le cadeau de leur amoureux, elles vont le dénicher elles-mêmes. Idem pour les enfants. Oui, les hommes auront tendance à appeler à l'aide. Ce qui n'est pas nouveau, soit dit en passant. De tous les temps, rappelle le sociologue Simon Langlois, les patrons ont demandé à leurs secrétaires de trouver un cadeau pour leur femme (ou leur maîtresse...). Les hommes vont aussi typiquement faire des demandes plus extravagantes, retaper un appartement avant un premier rendez-vous, préparer une surprise pour les 50 ans de leur conjointe, etc. Les femmes, de leur côté, auront tendance à avoir recours à un service d'adjoint pour les petites choses du quotidien: trouver une femme de ménage, un camp de vacances, un plombier, etc.

5. Et est-ce qu'ils n'ont pas honte?

On pourrait croire que ceux qui ont ainsi recours à un tiers pour surprendre leur femme éviteraient de s'en vanter. Et pourtant... Contre toute attente, peu s'en cachent. Parlez-en à Isabelle de Palma, qui a carrément rédigé la demande en mariage d'un client! «C'était assez particulier, avoue-t-elle en riant. Mais à ma grande surprise, oui, la plupart des gens finissent par le dire!»