Le mouvement écolo gastronomique Slow Food va dans les prochaines années multiplier par dix à 10 000 sites le nombre de potagers qu'il gère en Afrique, pour lutter contre la faim et la pauvreté en préservant la biodiversité du continent.

«Bien sûr, comparé à la gravité et à la complexité de la crise permanente qui tient en étau le continent africain, le geste de cultiver un potager semble plutôt insignifiant. Mais si le nombre de potagers monte à 10 000 et qu'autour d'eux se créent des réseaux de paysans, agronomes, étudiants et cuisiniers dans plus de 20 pays, alors ces petits projets peuvent montrer la voie vers un avenir durable», explique l'influent mouvement créé en 1986 dans le nord de l'Italie.

L'idée est de répondre aux besoins des communautés locales, d'abandonner les solutions prônées par les grandes institutions financières internationales qui mettent l'accent sur les cultures destinées à l'exportation et sur le recours massif aux fertilisants, et de lutter contre le «land grabbing», l'accaparement des terres les plus fertiles par des investisseurs étrangers, souligne-t-il dans un communiqué.

Il s'agit à ce titre d'une «proposition politique», qui consiste à «avoir d'ici à 2016 un réseau de jeunes leaders africains qui travailleront et mèneront de plein droit (politique, stratégique et opérationnel) le mouvement de Slow Food en Afrique».

Comme les quelque 1000 premiers potagers déjà implantés dans 26 pays du continent ces dernières années, surtout en Afrique de l'Ouest, du Sud et au Kenya, ces initiatives s'appuieront le plus possible sur les connaissances et ressources locales et s'adresseront essentiellement aux communautés, écoles et familles, qui seront encouragées à échanger leurs informations.

«Adopter» un de ces nouveaux potagers représentera un coût de 900 euros, qui seront utilisés pour la mise en place du site, mais aussi le renforcement du réseau ou le financement de bourses d'études pour de jeunes Africains.

Le projet a été présenté à Milan, ville qui doit accueillir en 2015 une Exposition universelle consacrée au thème «nourrir la planète, énergie pour la vie», et à laquelle Slow Food a annoncé sa participation. Comme tous les deux ans, Slow Food organisera par ailleurs du 23 au 27 octobre 2014 à Turin le Salon du goût et la rencontre Terra Madre, un réseau organisé dans le monde entier autour de «communautés de nourriture».