En période de crise économique, l'angoisse conduirait certaines mères au profil génétique particulier à se conduire plus durement avec leurs enfants, même si elles ne sont pas directement menacées par la récession, révèle une étude américaine publiée lundi.

«On sait que des difficultés économiques frappant une famille dégrade souvent le comportement des parents à l'égard de leurs enfants», relève Dohoon Lee, professeur adjoint de sociologie à l'Université de New York, principal auteur de l'étude.

Mais ces travaux, qui a porté sur la dernière récession de 2007 à 2009 aux États-Unis, la pire depuis la grande dépression des années 30, montre que de telles crises «affectent l'attitude de certains parents» même si ces derniers ne sont pas directement affectés, en raison de la crainte de perdre leur emploi et leur sécurité.

Ces chercheurs ont aussi constaté que l'accroissement des mauvais traitements des enfants par leur mère dans une telle situation économique difficile - donner des gifles ou des fessées, leur parler durement...- se produisait surtout chez les femmes ayant une certaine mutation génétique affectant la synthèse de la dopamine, une substance chimique jouant un rôle clé pour réguler les émotions, le sommeil et la concentration.

L'étude, parue dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (PNAS), montre que la crise économique de 2007-2009 n'a pas entraîné de durcissement du comportement des mères qui sont dépourvues de cette mutation, soit un peu plus de la moitié des participantes à l'étude.

Les auteurs ont également constaté un taux plus faible de mauvais traitement chez les mères avec cette variation génétique quand la situation économique américaine s'est améliorée.

Ces résultats «sont importants» car ils montrent que les effets des gènes sur le comportement de certaines personnes dépendent de la qualité de leur environnement, relèvent les chercheurs.

Longtemps les scientifiques se sont concentrés sur l'impact d'un environnement difficile sur les sujets avec certaines prédispositions génétiques sans étudier leur comportement dans des situations favorables et voir comment ils réagissaient, explique Sara McLanahan, une sociologue de l'Université de Princeton (New Jersey, nord-est), principal co-auteur de l'étude.

«Ces travaux viennent aussi conforter l'hypothèse selon laquelle des enfants avec certains traits génétiques dépérissent dans un environnement néfaste et s'épanouissent pleinement dans des circonstances favorables tandis que d'autres survivent sans problème en toutes circonstances», relève Irwin Garfinkel, un chercheur à l'Université Columbia (New York), un des principaux co-auteurs.

Cette étude a été menée avec près de 5000 enfants nés dans vingt grands centres urbains américains entre 1998 et 2000.

Leurs mères ont été interrogées régulièrement peu après leur naissance jusqu'à ce qu'ils aient neuf ans.