La technologie envahit désormais les berceaux avec des produits visant des enfants toujours plus jeunes, dont les fabricants vantent les vertus éducatives.

Le fabricant de jouets américain Fisher Price a montré au salon électronique CES de Las Vegas un objet en plastique vert vif, avec deux anneaux pour se faire les dents accrochés à la poignée. Ce n'était pas un hochet, mais un étui pour iPhone, rendant l'appareil utilisable par des bébés dès six mois.

«On voit tout le temps des mamans qui passent leur appareil à leur bébé pour l'occuper», Fisher Price s'en est inspiré pour «un instrument d'apprentissage», explique Julia Maher, une responsable marketing de la marque.

L'objet donne au téléphone l'aspect d'un livre et s'utilise avec des applications spécifiques, téléchargeables. Quand le bébé ouvre la page de couverture, il déclenche la lecture d'une histoire, et fait réagir le personnage en appuyant sur l'écran tactile du téléphone.

«Les bébés aiment tourner les pages», souligne Mme Maher, «nous avons rendu ça interactif.»

À partir de 18 mois, on passe à l'iPad, avec un autre étui ajoutant un vrai jouet à la tablette informatique: une ferme avec ses animaux, ou un château fort.

Le français Lexibook expose pour sa part au CES une vraie tablette pour enfant, colorée et résistante aux chutes, et des accessoires comme une palette de peintre. Âge conseillé: 4 à 8 ans. «Mais les enfants ont les capacités pour l'utiliser à 2 ans», indique Robert Manlin, un commercial de la société.

«Cela aide les enfants à apprendre à lire»

Le boom des écrans tactiles, à l'usage très intuitif, favorise l'usage des appareils électroniques par les enfants.

Certains s'inquiètent, comme l'Association américaine des spécialistes de l'audition et du langage (ASHA) venue faire campagne au CES sur les risques de l'exposition prolongée à des sons trop forts, a fortiori pour les oreilles des petits.

Les fabricants soulignent que leurs produits donnent des moyens de contrôle aux parents, et que c'est à eux d'être responsables.

«Il y a des enfants de cinq ans qui ont des battes de base-ball, des bicyclettes, c'est dangereux aussi», relativise M. Manlin.

«Ce n'est pas si différent de quand j'étais jeune, et que les gens se demandaient si les enfants regardaient trop la télé», estime aussi Bill Hensley, vice-président de la société Wanderful, qui propose des applications pour écrans tactiles autour de la lecture.

Comme dans un vrai livre, à chaque page correspondent un texte et une image. Les mots sont surlignés pendant que l'appareil les lit, l'enfant peut appuyer sur l'un d'entre eux pour l'entendre à nouveau, ou sur un des personnages du dessin pour le faire bouger.

Cela «aide les enfants non seulement à apprendre à lire, mais aussi à aimer les histoires» et «c'est une porte d'entrée sur les vrais livres», fait valoir M. Hensley.

L'important est surtout que les applications soient «conçues correctement pour laisser les enfants les utiliser», souligne Steven Chu, directeur d'exploitation de la société canadienne ToonBoom qui travaille avec les grands studios de cinéma et présente aussi au CES des applications téléchargeables permettant à toute la famille de créer des animations simples sur une tablette.

Pour lui, «il n'y a pas de mal à développer la créativité ou les capacités à utiliser internet tôt dans l'enfance».

Certains croient même en un usage thérapeutique. La société Interbots présente ainsi un prototype associant une peluche-robot rappelant le maître Yoda de la Guerre des étoiles, un écran tactile et des applications pour apprendre à se laver les dents ou prendre une douche aux enfants autistes, «un peu plus enclins à interagir avec un robot qu'avec un parent ou un médecin», selon son directeur technique Michael Knight.