Marc-André Patry forme un couple avec un autre homme. À l'école secondaire publique où il enseigne, il a décidé d'en parler ouvertement à ses élèves. Pour souligner la Journée internationale contre l'homophobie et le colloque Homophobie: s'outiller pour effacer l'intimidation qui avaient lieu hier, M. Patry répond à nos questions.

Avec le temps, voyez-vous qu'il est plus facile pour les jeunes d'afficher leur homosexualité dans les écoles?

C'est beaucoup plus facile. Quand j'étais au secondaire, il y en avait un et il s'appelait Guy. Pauvre lui! Tout le monde le traitait de noms. Aujourd'hui, les jeunes connaissent un oncle, une tante, peut-être leur mère, leur père, un ami qui est homosexuel. Il y a plus de personnes homosexuelles qui font en sorte qu'une bonne partie de l'éducation est faite.

Que doit faire un parent s'il apprend que son enfant est victime d'intimidation homophobe?

Être à l'écoute de leur enfant et faire preuve d'ouverture, c'est important. S'ils ne sont pas capables, ils peuvent demander de l'aide à la direction de l'école et il existe tellement de ressources comme Gai Écoute ou la fondation Émergence. Il ne faut pas passer ça sous silence. Il faut faire entendre que ces gestes ne doivent pas être tolérés dans notre société.

Comment présentez-vous votre homosexualité à vos élèves?

Plusieurs élèves le savent avant d'arriver dans mes cours d'histoire ou d'éducation à la citoyenneté parce qu'ils ont eu un frère ou une soeur dans ma classe quelques années avant ou parce qu'ils m'ont vu en couple au gala Méritas, par exemple. Je ne dis pas en classe: «Bonjour, je suis homosexuel.» Je vais plutôt raconter que je suis allé au cinéma avec mon chum durant la fin de semaine ou je vais aborder le sujet en distribuant un article de journal comme celui sur Obama et ses déclarations sur le mariage gai.

Comment réagissent-ils?

Ils réagissent positivement parce qu'ils apprécient la personnalité de M. Patry. Être soi-même qu'on soit gai, lesbienne, transgenre ou hétérosexuel, pourvu qu'on soit heureux, les élèves vont s'identifier à des modèles heureux.

Est-ce que des élèves vous ont déjà confié qu'ils étaient homosexuels, eux aussi?

Il y en a beaucoup qui l'ont fait, dont un élève africain très religieux. Il voulait que ça reste secret, il m'a posé des questions et m'a dit: «Je pense que je suis homosexuel.» Ceux qui décident d'en parler, ça leur fait du bien.