Les collégiens et universitaires l'arpentent depuis le mois de février. Vendredi, ce sera au tour de milliers d'élèves du secondaire de prendre la rue d'assaut, pour la Marche 2/3. Une occasion de souligner l'engagement social de ces adolescents. «Ce que j'aime de cette marche, c'est son côté positif. C'est une célébration pour des jeunes qui viennent de partout au Québec», témoigne l'humoriste André Sauvé qui, pour une deuxième année, se fait porte-parole de l'événement.

De 10 000 à 15 000 élèves d'écoles secondaires venus d'aussi loin que l'Abitibi et la Gaspésie se sont donné rendez-vous à la place des Festivals à 9 h, vendredi. Sur un parcours de 5 km, ils défileront au nom de leur engagement planétaire. Une promenade printanière qui culminera au parc La Fontaine, en passant d'abord par les rues Sainte-Catherine, Berri, Cherrier, Saint-Hubert, Mont-Royal et Marquette.

Justine Lesage, porte-parole d'Oxfam Québec - l'organisme à la tête de cet événement créé en 1970 par «un petit groupe de jeunes idéalistes» -, souligne que si la Marche 2/3 se tient cette année dans un contexte inhabituel, son esprit reste inchangé. «Les jeunes marchent pour la solidarité internationale, c'est la préoccupation première. Et cette fête est l'aboutissement de diverses actions accomplies dans les écoles, depuis le début de l'année scolaire.»

Tôt vendredi, plus de 530 élèves de l'école secondaire d'Oka monteront à bord d'autobus jaunes qui les conduiront vers Montréal. Avec ses activités de financement pour des projets d'eau potable au Honduras, sa boutique de produits équitables et ses campagnes pour la promotion de la solidarité internationale, cette école est un exemple d'engagement. François Gervais, animateur de vie spirituelle et d'engagement, indique que les jeunes se préparent depuis le début de l'année scolaire pour la Marche 2/3. Ils arriveront donc outillés. «On a fabriqué des marionnettes géantes à l'effigie de huit multinationales (Shell, Coca-Cola, Monsanto, Nestlé, etc.) qui ont de mauvais dossiers en matière d'environnement et de droits humains», exprime-t-il.

Le carré rouge sera-t-il de la partie? «Je ne crois pas. On ne veut pas mélanger les choses et envoyer des messages autres que ceux liés aux causes de la marche.»

À l'école internationale de Montréal, 338 élèves ont répondu «présents» pour ce rassemblement qui s'inscrit dans le cadre d'une «journée verte». Quelles sont les causes qui allument ces jeunes de 12 à 17 ans? «La solidarité alimentaire, le sort des enfants travailleurs dans le monde, l'accès à l'eau potable, la sensibilisation à la consommation d'eau», expose Marie-Claude Roy, animatrice de vie spirituelle et d'engagement communautaire à l'école internationale de Montréal.

Les jeunes marcheurs de l'école internationale, eux, porteront-ils le carré rouge? «Aucune idée!» concède Marie-Claude Roy, qui confirme que certains ados qu'elle côtoie ont fait l'expérience des rassemblements étudiants, dans les dernières semaines. «Ils se rendent compte du pouvoir de la mobilisation», évoque Mme Roy, qui insiste sur le caractère pacifique de la marche.

Militants en formation

La Marche 2/3, c'est donc un grand défilé festif pour honorer des actions positives. Lesquelles? «Plusieurs écoles, par exemple, ont des «magasins du monde», où sont vendus des produits du commerce équitable. Les jeunes apprennent des bases de comptabilité et de gestion de stocks. Dans ces boutiques, les jeunes se familiarisent aussi avec la sensibilisation de la clientèle, les notions d'égalité hommes-femmes et l'engagement social», fait valoir Justine Lesage. Pour elle, la Marche 2/3 est toujours une occasion pour les jeunes «engagés» de fraterniser.

«Plusieurs jeunes marcheurs défendent des causes environnementales. Certains soutiennent des projets plus spécifiques, tels que la réinsertion des enfants soldats», évoque Justine Lesage, qui rappelle que le Club 2/3 a été un tremplin pour les Laure Waridel et Léa Clermont-Dion de ce monde (elles seront d'ailleurs de la fête).

«Léa Clermont-Dion a commencé avec les projets du Club 2/3. Elle est partie avec nous (Oxfam) au Bénin et au Honduras, et en a rapporté des expositions de photos. Elle est un exemple éloquent de ce que peut faire un citoyen engagé», souligne Justine Lesage.

«Mes premiers voeux d'adolescent étaient de travailler dans le domaine humanitaire. J'aurais aimé qu'on me guide vers ça. Des initiatives comme celles du Club 2/3 ouvrent la conscience», croit André Sauvé qui, à l'automne dernier, a vu l'impact des programmations de coopération d'Oxfam, lors d'un séjour au Burkina Faso.

«C'est souvent abstrait, l'aide humanitaire, enfin, ce l'était pour moi. Là-bas, j'ai vu des exemples concrets d'initiatives pour aider des communautés à se prendre en main. Par exemple, en épandant du compost, on a commencé à cultiver du riz dans des régions que l'on croyait trop arides.»

André Sauvé se dit très ému par l'arrivée en ville de tous ces autobus de jeunes en provenance de partout au Québec. «L'année dernière, il y a eu une minute de silence à l'angle Saint-Hubert et Mont-Royal. C'était très beau à voir, 15 000 jeunes en silence dans la rue.»

Info: www.oxfam.qc.ca/marche2012