Elle affirme que la majorité des prêtres ont brisé leur voeu de célibat. Elle considère que l'Église devrait accepter l'usage de la pilule anticonceptionnelle ou du préservatif chez les couples responsables et stables. Mais elle est aussi une admiratrice de Jean-Paul II et déplore que l'avortement soit trop facilement proposé comme solution à une grossesse non désirée -parce que selon elle, tout avortement crée un traumatisme psychologique.

Soeur Marie-Paul Ross est membre des Missionnaires de l'Immaculée-Conception. Elle détient aussi un doctorat en sexologie clinique de l'Université Laval, qu'elle a entrepris à la suggestion du Saint-Siège. Elle publie cette semaine le livre Je voudrais vous parler d'amour... et de sexe , dans lequel elle discute de masturbation, de pédophilie, d'avortement et de ses expériences avec la misère sexuelle.

«J'ai été missionnaire pendant près de 20 ans en Amérique latine», explique-t-elle dans un café du Vieux-Montréal. «Quand j'étais au Pérou, au début des années 90 après ma maîtrise en sexologie, trois évêques m'ont dénoncée au Vatican parce que j'enseignais les bases de la sexualité. J'ai dit à Jean-Paul II ce que je pensais de la souffrance sexuelle dans le monde religieux. Il a étendu ses mains au-dessus de moi et m'a dit de continuer mon travail. Il m'a prévenu que je rencontrerais de l'opposition au sein même de l'Église. Et les autorités romaines m'ont conseillé de faire un doctorat.»

Comment réconcilier son admiration pour Jean-Paul II avec son opposition à la doctrine catholique sur la contraception et le célibat des prêtres? «Je ne lui ai pas parlé de ça», dit la religieuse, qui fait maintenant partie de l'Institut de développement intégral à Québec et est parfois témoin expert dans des affaires impliquant des prêtres pédophiles, pour évaluer leur danger de récidive. «Mais il faut que l'Église soit plus à l'écoute des besoins des gens d'aujourd'hui. La contraception peut être mal utilisée si elle facilite le libertinage. Mais les couples stables et responsables devraient pouvoir avoir accès à une autre méthode que le calendrier. Et je crois que les prêtres devraient pouvoir choisir entre le célibat et le mariage. Le célibat n'a rien de mal, mais il ne convient pas à tout le monde.»

Que pense-t-elle de la condamnation de l'avortement par l'Église, par exemple quand le cardinal Marc Ouellet l'a qualifié de «crime moral» juste avant son départ de Québec? «Il ne faut pas condamner ces femmes, il faut les soutenir. Mais le ministère de la Santé, qui fournit des milliers d'avortements sans offrir de traitement par la suite, est tout aussi coupable. J'ai parlé récemment à une jeune femme qui, à 17 ans, avait demandé à discuter à un médecin quand elle s'est trouvée enceinte par accident. On lui a simplement donné une date d'avortement. C'est inacceptable.»

Que pense-t-elle d'un avortement après un viol? «C'est un deuxième traumatisme. Il ne faut condamner personne, mais ce n'est pas nécessairement la solution. C'est quand même l'enfant de la femme.»