«Famille vivant en Australie avec deux enfants de 4 et 2 ans cherche pour trois à six mois une mamie allemande de remplacement». En Allemagne, les petites annonces pour recruter des grands-mères au pair se multiplient.

L'idée d'envoyer dans des familles à l'étranger des retraitées mûres plutôt que des jeunes étudiantes vient d'une agence de Hambourg (nord), «Granny au pair».

«Ces femmes âgées (de 50 à 70 ans) font souvent mieux les choses que les jeunes, car elles ont plus d'expérience de la vie», affirme à l'AFP la fondatrice de l'agence, Michaela Hansen, 50 ans. «Souvent, elles ont déjà elles-mêmes élevé des enfants».

La mamie allemande jouit en outre d'une bonne réputation à l'étranger. Les familles apprécient ces femmes «sérieuses et fiables, à qui on peut confier son enfant en sachant qu'elle sera ferme si nécessaire», selon Mme Hansen.

Bien sûr, en attachant sa ceinture dans l'avion pour Malaga (Espagne), Anke Vendt a été assaillie de doutes. «Mais qu'est-ce que je fais là ?», s'est demandée cette Hambourgeoise de 61 ans.

À peine retraitée, Anke Vendt avait répondu à l'une des petites annonces de l'agence et décidé de partir s'occuper des deux fils d'une famille allemande installée en Andalousie.

Un an plus tard, attablée devant un cappuccino sur un toit-terrasse de Hambourg, elle sourit: «J'ai une super vie là-bas!».

«Mon travail consiste à emmener les deux garçons de 13 et 16 ans à l'école le matin et à aller les chercher le soir», raconte-t-elle. Le courant est bien passé avec sa famille d'accueil. Depuis, elle retourne là-bas régulièrement pour s'occuper des garçons quand les parents sont en voyage d'affaires.

À l'autre bout du pays, en Bavière, Embjörg Elster, accoudée à sa fenêtre, s'ennuyait ferme en regardant la neige tomber. «C'est très romantique ici mais il ne se passe rien l'hiver», explique cette ancienne hôtesse de l'air de la Lufthansa, partie en pré-retraite à 55 ans. Ses deux filles sont adultes, elles n'ont plus besoin d'elle.

Alors Embjörg Elster est devenue, cinq mois durant, la nounou de quatre enfants de 3, 8, 10 et 12 ans à Hambourg. «Au début, ce fut un peu difficile de m'habituer aux bruits» de tous ces enfants, sourit-elle.

Toutes ces seniors ont le même objectif: «Avoir l'impression d'être encore utile», résume Embjörg Elster. «L'idée, c'est d'offrir une perspective après une vie professionnelle ou une vie familiale», explique également Michaela Hansen.

Les après-midis chez le coiffeur à commenter les aléas de la vie, les réunions tricot à la salle polyvalente ? Très peu pour ces nounous âgées.

Les voyages en groupe, bobs sur la tête et appareils numériques autour du cou, transportées en car climatisé à travers les capitales européennes ? «Je suis en forme et active», rigole Mme Elster qui doit repartir à la rentrée s'occuper de deux enfants, cette fois-ci à Munich.

«C'est aussi une autre façon de voyager, une occasion pour découvrir un pays en marge des lieux touristiques, de rencontrer des gens qui vivent sur place», juge Anke Vendt qui améliore par ce biais son espagnol.

«Granny au pair» n'est toutefois pas une agence de placement puisqu'elle se contente de mettre en relation les familles et les mamies. Les frais d'inscription s'élèvent à 35 euros (47 $CAN). En cas de placement effectif, 250 euros (340 $CAN) supplémentaires seront demandés.

Mais les modalités du contrat ne sont pas définies par l'agence. Les mauvaises surprises ne sont donc pas exclues et le risque est de voir des mamies employées à bas prix à la place de nourrices agréées.

La directrice de l'agence balaie toutefois l'argument. Même si ces mamies ne touchent qu'un peu d'argent de poche, «comparé à ce que leur coûterait un séjour à l'étranger de trois mois avec le logement et les dépenses courantes, ce n'est absolument pas de l'exploitation», selon elle.