Si les églises catholiques font rarement salle comble au Québec, le portrait est tout autre en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. «Vous savez, à l'échelle mondiale, le nombre de prêtres va en augmentant», souligne Bertrand Montpetit, responsable de la pastorale des vocations au grand séminaire de Montréal.

Un contraste qui saisit les soeurs missionnaires de Notre-Dame-des-Anges quand elles rentrent au Québec après une vie passée en mission au Rwanda, au Pérou, au Brésil, au Japon ou en Chine. «C'est sûr que, quand on revient de mission et qu'on voit les églises vides, on pense à celles qui sont pleines ailleurs, on voudrait les transposer là-bas. Mais ça ne veut pas dire que la foi n'existe plus», dit soeur Claire Lessard.

Tout naturellement, la congrégation recrute à présent dans ses missions hors Québec. Cette année, Jucielma et Ilanides, deux Brésiliennes de 22 ans, Annie, une Congolaise de 31 ans, et Céline, une Française d'origine sino-vietnamienne de 41 ans, suivent à Montréal deux années de noviciat. C'est une première pour la congrégation de Notre-Dame-des-Anges. Parmi les 28 étudiants (hommes et femmes) de l'internoviciat de Montréal, les Québécois sont minoritaires.

Chez ces futures soeurs missionnaires, la vocation a souvent été précoce. «J'avais 6 ans et je connaissais déjà le travail de Notre-Dame-des-Anges quand j'ai voulu les rejoindre. À 16 ans, j'ai demandé à entrer chez les soeurs, mais elles me trouvaient trop jeune. Elles m'ont finalement acceptée à 18 ans», se souvient Jucielma, encore enthousiaste.

À Montréal, les novices vivent dans la maison montréalaise de la mission, en plein Mile-End, l'un des quartiers les plus vibrants de Montréal. À l'intérieur, le temps semble suspendu. «À l'internoviciat, on essaie de vivre la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. On fait tout ici, nous sortons seulement pour les cours», dit timidement Annie, désignant la maison.

Les soeurs, qui disposent des ressources de la communauté, vivent à Montréal ce qu'elles décrivent comme un voyage intérieur avant d'être amenées, au cours de leurs missions, à travailler concrètement auprès des populations défavorisées, en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud.

«C'est difficile de demander pour tout, il faut beaucoup d'humilité pour demander certaines petites choses, d'être adulte mais de les demander comme si on était un enfant, dit Céline, qui, dans sa vie antérieure, a connu l'aisance matérielle grâce à son travail. J'expérimente la pauvreté dans la vie spirituelle avant d'expérimenter la vraie pauvreté dans le tiers-monde.»

Au Québec, Céline est consciente du fait que la religion catholique ne fait plus vraiment rêver les masses. Mais le besoin, selon elle, est toujours là malgré tout. «Les gens sont stressés, ils sont seuls et la présence religieuse, c'est aussi une qualité d'écoute, une sérénité, donner confiance.»

Ouvrir une mission pour évangéliser à nouveau le Québec? La mère supérieure de la congrégation, soeur Fernande, en rêve parfois: «Je ferais le tour de toutes les familles, car je sais que les gens cherchent Jésus-Christ, qu'ils veulent être encouragés. Le travail serait plus ardu, mais ça me stimulerait.»