Dany Turcotte, Philippe Dubuc, André Boisclair ou Réjean Thomas, nombreuses sont les personnalités publiques masculines qui sont ouvertement gaies. Les exemples de femmes sont plus rares: une discrétion souvent motivée par des craintes de discrimination.

«On a peur de perdre des promotions, de la même façon qu'on a peur de perdre nos familles, amis et enfants. On a des droits égaux, mais socialement, ce n'est pas encore la même chose», explique Jocelyne Hétu, 50 ans, gestionnaire à Hydro-Québec, «sortie du placard» depuis sept ans.

Son orientation sexuelle ne l'a pas discriminée au travail, souligne celle qui est aussi bénévole pour l'organisme communautaire GRIS Québec. Mais ce nouveau statut peut faire changer le comportement des supérieurs hiérarchiques masculins, selon elle: «On dirait qu'ils ne savent pas trop comment agir avec nous.»

Ce malaise, Valérie, ingénieure dans la jeune trentaine, le constate souvent auprès de collègues masculins, «allumés» par la révélation de son homosexualité. «C'est évident qu'ils ont une image dans la tête», dit-elle. Valérie ne s'en offusque pas, mais souligne que pour certaines femmes, ce regard est un obstacle insurmontable.

Le faible nombre de personnalités publiques ouvertement lesbiennes entretient le peu de visibilité des femmes homosexuelles, déplore Diane Heffernan, coordonnatrice du Réseau des lesbiennes du Québec. «Si on ne se donne pas de la visibilité, cela ne changera pas», estime-t-elle.

Malgré tout, Montréal reste une ville très «gay friendly», selon Valérie, qui est amenée à travailler régulièrement à Calgary. «Là-bas, le milieu gai n'existe pas. Les gens ne parlent pas de leur vie privée, et moi, je ne parle jamais de ma vie personnelle», dit celle qui se décrit comme «semi-in, semi-out». «Au Québec, on est vraiment chanceux», estime-t-elle.