Pour un Néerlandais, bien sûr, l'essentiel c'est de voir son équipe nationale gagner à la Coupe du monde de soccer. Pour l'honneur du pays, oui, mais aussi pour le plaisir de se déguiser. Perruques, costumes, maquillage... quand vient le temps de célébrer, les Néerlandais se font voyants. Et la couleur nationale, l'orange, ne nuit en rien à leur extravagance. Petit portrait d'une habitude qui gagne toujours en popularité.

L'ivresse de la victoire gagne les Néerlandais qui, fidèles à leur coutume, sont prêts à revêtir n'importe quoi d'orange et à envahir les rues et places publiques des villes du pays afin d'encourager leur club national. Si les Néerlandais l'emportent contre l'Uruguay aujourd'hui - le match est prévu à 20h30, heure d'Amsterdam -, les Pays-Bas se préparent d'ailleurs pour une semaine de folie, jusqu'à la finale de dimanche.

 

Anthropologue à l'Institut Meertens, et spécialiste de l'expression culturelle dans la société néerlandaise, la Dre Irene Stengs s'intéresse à l'esprit festif en Hollande. Pour un fan néerlandais, dit-elle, la base, c'est de «porter la couleur nationale et montrer que l'on soutient l'équipe du pays».

Il faut dire que, doués pour l'extravagance, les Néerlandais ont déjà l'habitude de se déguiser en mettant en vedette les couleurs nationales. Le jour de la Reine, en mai, les canaux d'Amsterdam sont teints en orange par des bateaux remplis de fêtards. Cette année, on a même vu des gens vêtus de la tête au pied d'un bas de nylon orange. Cette année, les Amstellois anticipaient la Coupe du monde en soufflant déjà dans des vuvuzelas pour cette fête qui n'a rien à voir avec le sport.

Or, selon l'anthropologue Irene Stengs, le jour de la Reine est moins politique que le football. «La perception que l'identité nationale est sur la sellette donne envie aux citoyens d'afficher leurs couleurs, pendant la Coupe du monde.»

Comme la plupart de ses compatriotes, le Dr Stengs souhaite la victoire de son pays au Mondial. «Observer ce qui va se passer au pays si le club des Pays-Bas devient champion du monde sera très intéressant. Je ne sais pas où sera tracée la limite, parce que chaque fois, il semble que les expressions d'encouragement des fans deviennent de plus en plus extrêmes.»

La commercialisation de la culture de la fête s'est particulièrement accentuée, depuis le début du Mondial de foot, ajoute la Dre Stengs. «Plusieurs magasins ont commencé très hâtivement à vendre des guirlandes pour décorer les rues. D'ailleurs, depuis le début de la Coupe du monde en Afrique du Sud, d'immenses drapeaux aux couleurs de la maison royale néerlandaise flottent un peu partout dans les rues des Pays-Bas. On voit même des maisons et des bars totalement peints en orange!»

Un peu partout, dans les rues d'Amsterdam, les fans peuvent en effet se procurer des produits à l'effigie de l'équipe nationale. Le «tom-pouce» orange et les petites peluches aux couleurs nationales (qui, paraît-il, font d'excellent appâts pour pêcher le brochet!) sont très recherchés par les fanas de l'équipe des Pays-Bas.

Cynthia Abel, vendeuse chez Witbaard, une boutique d'Amsterdam qui vend toutes sortes d'objets festifs, ne s'étonne plus de l'inventivité des fabricants de babioles. «Chaque année, ils arrivent avec quelque chose de nouveau. Pour ce Mondial, il y a bien sûr le vuvuzela, qui est en rupture de stock partout. Nous vendons même un chapeau orange en forme de préservatif!»

Des tonnes de souvenirs qui risquent de se retrouver d'un coup au dépotoir en cas de défaite.

Pour les supporters, donc, c'est bien entendu la victoire qui passe en premier. Et en second lieu, la possibilité de porter une perruque et de se peindre le visage en orange.