Cuisine-t-on de la même façon chez les familles qui ont de faibles revenus?

C'est ce qu'on voulait savoir à l'Agence de la santé publique et des services sociaux. L'idée étant de pouvoir cibler ensuite les actions pour favoriser un retour aux fourneaux dans les chaumières où l'on préfère acheter les repas au resto du coin.

Première constatation: contrairement à ce que l'on pourrait croire, les gens aiment cuisiner, même lorsque le budget est très serré. Et ils cuisinent beaucoup, explique Lise Bertrand, nutritionniste à l'Agence, après examen des résultats d'une nouvelle étude faite en collaboration avec le Dispensaire diététique de Montréal.

Les hommes et les femmes qui ont participé aux groupes de discussion devaient s'occuper de l'alimentation de leur famille et avoir des revenus de moins de 30 000$ pour le ménage.

Les chercheurs se sont intéressés davantage aux familles chez qui la cuisine est une corvée lourde à accomplir. Dans ces cas-là, explique la nutritionniste, la cuisine est très répétitive. Les adultes regardent les émissions de cuisine comme tout le monde, explique Lise Bertrand, mais ils ne vont pas prendre le risque de faire une nouvelle recette, avec de nouveaux ingrédients. Si la création culinaire devait déplaire à la maisonnée, le repas finirait à la poubelle. Et c'est la roue qui tourne: plus la cuisine est répétitive, moins ceux qui la préparent prennent plaisir à la faire. Dans la roue entre alors le prêt-à-manger. «On a remarqué que les familles où l'on n'aime pas cuisiner dépensent nettement plus pour leur alimentation», explique Lise Bertrand. Le phénomène existe dans tous les foyers, peu importe le revenu: moins on cuisine, plus on achète de prêt-à-manger. «Quand on ne sait pas cuisiner, ça coûte inévitablement plus cher», dit-elle.

Curieusement, ces familles avec peu d'aptitudes et d'intérêt pour la popote évitaient les comptoirs alimentaires. Une des raisons invoquées par les participants à l'enquête est le manque de variété dans les banques alimentaires, où l'on impose souvent le contenu du panier de provisions offert. Encore une fois, note Lise Bertrand, ces gens se trouvent bien démunis avec des ingrédients qu'ils n'utilisent pas régulièrement.