En juin dernier, Julie Tardif, 36 ans, s'est envolée vers la Tunisie pour un séjour clé en main. Au programme : chirurgie et détente au bord de la mer. «Le prix et l'absence de délai d'attente m'ont vite convaincue», dit cette mère de trois enfants.

Pour 7000 $, elle a eu une augmentation mammaire avec lifting, une abdominoplastie et une liposuccion des flancs. Aussi inclus ? L'avion, l'hôtel 5 étoiles, le séjour à l'hôpital, même la gaine. «J'en garde un bon souvenir, mais j'étais maganée. Je n'ai pas fait de tour de chameau et j'ai demandé beaucoup de glace lors du retour. Neuf heures d'avion, ça peut être long.»Le business du tourisme médical, version chirurgie esthétique, en est à ses premiers balbutiements au Québec. Des agences poussent ici et là à travers la province proposant des séjours à Cuba, en Thaïlande, en République dominicaine et en Tunisie. Vous pensez vous prélasser au soleil ? Détrompez-vous. La récupération nécessite souvent de garder le lit ou de rester à l'ombre.

Lucie Vermette, présidente de l'agence Services Santé International (SSI), envoie des patients à Cuba pour des chirurgies esthétiques depuis 2007, surtout des augmentations mammaires et des liftings faciaux. La demande a plus que doublé dans la dernière année, précise-t-elle. «C'est encore une minorité de nos clients, mais la tendance à la hausse devrait rester. Les médecins de Cuba sont compétents et les coûts souvent divisés par trois.»

Chez SSI, l'ouverture du dossier, valide pour cinq ans, coûte 400 $. L'agence s'octroie une commission de 10 % du coût des forfaits. «Nos clients nous fournissent une photo et, après, on les prend par la main, dit Mme Vermette. On assure la navette entre l'aéroport, le séjour à l'hôpital et la station balnéaire. On a un service d'interprète.»

Sans surprise, les chirurgiens d'ici ne sont pas chauds à l'idée. «Les gens souhaitent économiser et prennent des risques supplémentaires, affirme le docteur Yvan Larocque, président de la Société canadienne de chirurgie esthétique plastique. Ils ne connaissent pas le médecin, ni les conditions d'opération. Si ça tourne mal, que se passe-t-il ? Les complications sont parfois irréversibles.»

Dans les cas où le résultat déplaît, certains chirurgiens étrangers accepteront de reprendre l'opération sans frais, assure Mme Vermette. Il faudra néanmoins débourser le coût du billet d'avion. Quant au suivi postopératoire au Québec, il est souvent téléphonique, voire inexistant.

«C'est un projet audacieux. J'aurais pu mourir là-bas loin de mes proches, admet Julie, qui s'est rendue en Tunisie malgré ses peurs. J'ai opté pour la pensée positive. » Elle est contente d'avoir pu récupérer loin du train-train quotidien. «Je me sens plus jolie et tout semble plus facile dans ma vie. Je le referais.»