A l'heure où la Chine s'efforce de censurer la pornographie sur l'internet, les sex-shops font recette dans les grandes villes, grâce à une nouvelle génération en quête d'érotisme.

A 23 ans, Ha Li est une jeune femme sans complexe en train de faire son marché dans une des 2000 boutiques de la sorte de Pékin, selon les estimations de la presse.Shanghai, la grande métropole économique de l'est du pays, pourrait se targuer d'un nombre équivalent de magasins spécialisés, selon les médias.

Passant entre les différents accessoires exposés à la «Boutique De L'Amour», Ha Li est à la recherche d'un petit déshabillé «aussi facile à enlever qu'à mettre».

Selon les experts, la classe moyenne, plutôt jeune, est la clientèle par excellence de ces échoppes que l'on trouve à tous les coins de rues, parées de l'appellation «Santé de l'adulte».

«Ca attire beaucoup les jeunes. Ca nous permet de découvrir des choses nouvelles. C'est bien d'être plus ouverts», dit Ha, cliente fidèle.

Pour Li Yinhe, une experte des questions de société, et particulièrement de sexualité, nul doute que l'ouverture économique il y a trente ans a généré cette ouverture sur la sexualité, en exposant la société chinoise aux influences extérieures, après des trois décennies d'un strict puritanisme communiste.

«Les jeunes sont à l'avant-garde (de ces changements) car ils sont la génération internet et ont eu accès à de nouvelles choses comme jamais auparavant», explique Li.

L'ensemble de la société est bien obligée d'accompagner ces changements. En décembre, le ministère de l'Education a ainsi appelé à introduire les cours d'éducation sexuelle dès le primaire, dans un souci d'enrayer la propagation du sida et les grossesses non désirées.

«Avant ce type d'informations n'était accessible qu'aux lycéens», a souligné récemment l'agence Chine Nouvelle.

Et encore, sans grand débat susceptible de dégénérer vers des sujets embarrassants: «Les professeurs leur passaient les pages du livre et les laissaient les lire tout seuls», a précisé Chine Nouvelle.

Outre l'ouverture, l'élévation du niveau de vie depuis que la Chine a lancé ses réformes à la fin des années 70, est un facteur d'importance.

Yang Zi, 25 ans, qui a ouvert la Boutique de l'Amour le mois dernier, cite un vieil adage chinois : «vous pouvez satisfaire vos désirs sexuels une fois seulement que vous avez assez mangé et des vêtements chauds à porter».

Ses accessoires valent de 200 yuans (près de 21 euros) à 7.000 yuans, alors que le salaire moyen à Pékin tourne autour de 3.000 yuans.

Certes la jeune femme, perchée sur de hauts talons, un anneau dans le nez, dit mettre l'accent sur la qualité, avec des produits importés, alors que la plupart des boutiques proposent du gadget bon marché, fabriqué localement.

«A Pékin, on a commencé à voir des produits sexuels de bonne qualité l'année dernière seulement», dit Ha, sa cliente.

Yang, dont la clientèle est essentiellement une clientèle féminine, souvent insatisfaite, insiste sur son rôle social: «Peu importe où vous vivez, tout le monde a besoin de plaisir. C'est l'essence de la vie».

Pourtant, ses déclarations de principe s'arrêtent à la porte de sa boutique: elle n'a pas encore trouvé le courage de confesser son activité à ses parents, des provinciaux du Gansu (nord-ouest).

«Ils sont très conservateurs. Ils pourraient penser que j'ai mal tourné».