Dès 2016, la Ville de Laval comptera plus d'habitants âgés que de mineurs. Plusieurs autres régions du Québec seront dans pareille situation. Mais ce vieillissement de la population n'est pas catastrophique, assure Amélie Quesnel-Vallée, professeure de sociologie et d'épidémiologie. Car la proportion de citoyens vulnérables reviendra au même taux qu'en 1970, alors que les plus jeunes baby-boomers étaient enfants.

«Nous avons été capables comme société de nous adapter aux baby-boomers. On a su gérer une population jeune. On va le faire avec les aînés», dit Mme Quesnel-Vallée, qui est professeure à l'Université McGill.

 

Dans les années 70, le taux de dépendance de la population québécoise était de 90%. La majorité du fardeau était attribuable aux jeunes de 0 à 19 ans. Dès 2030, le Québec retrouvera un taux de dépendance de 90%, mais cette fois-ci, les personnes âgées seront majoritaires. «Le fardeau économique pourrait même être atténué parce que les aînés, contrairement aux jeunes, paient des impôts», note Mme Quesnel-Vallée.

La professeure a livré ces explications mercredi, au cours d'un colloque sur le vieillissement à Laval. L'objectif était de préparer la Ville à affronter le vieillissement de sa population. La directrice de la santé publique de Laval, la Dre Nicole Demestoy, est aussi venue présenter les défis que devra surmonter sa municipalité et plusieurs autres villes du Québec.

Selon elle, les villes devront revoir leur définition de la vieillesse. Car on ne devient plus vieux à 65 ans. «L'espérance de vie à 65 ans est de 17 ans pour les hommes et de 21 ans pour les femmes, dit la Dre Demestoy. Parce que cette tranche de population est souvent en bonne santé et très active, les entreprises devront prendre des moyens pour encourager ces citoyens à rester au travail.»

Transport adapté

Afin de garder les personnes âgées actives et autonomes, les villes, principalement les villes de banlieue, devront prévoir des moyens de transport adaptés. «Pour prévenir l'isolement, qui est l'une des causes premières de perte d'autonomie, des villes comme Laval, où l'automobile est prépondérante pour vaquer à ses occupations, devront revoir leurs systèmes de transports», commente la Dre Demestoy.

Les agences de santé devront adapter leurs services. Des programmes de dépistage systématique des abus envers les aînés pourraient être mis en place. Actuellement, de 2 à 10% des personnes âgées subissent des abus, mais seulement un cas sur 14 est signalé, explique la Dre Demestoy.

Les autorités doivent aussi prévoir que le taux de suicide chez les aînés, qui est actuellement de 10% à Laval, augmentera. «Les baby-boomers amèneront leur vision plus acceptable du suicide. Cette couche de population a toujours eu un taux plus élevé de suicides que les générations précédentes et suivantes. Il faut s'y préparer», illustre la Dre Demestoy.

Les régions doivent aussi faire attention à la disponibilité de leurs médecins de famille. À Laval seulement, le tiers des 321 médecins de famille ont plus de 55 ans. «Le vieillissement de la population est un défi. Pas une catastrophe. Mais il faut s'y préparer», dit la Dre Demestoy.