La mariée est en blanc et l'église est de glace: à Jukkasjärvi, en Laponie suédoise, 150 couples se disent oui chaque année dans une chapelle entièrement faite de glace, où le blanc est plus que jamais la couleur du mariage.

Tremblant plus d'excitation que de froid, Charlotte Axelsson-Andersson, en robe de soie blanche et fourrure, s'avance ce jour-là jusqu'à l'autel de l'église. «C'était comme un conte de fées. Un sentiment très fort», raconte la jeune mariée, 27 ans, après la cérémonie.

Elle et son désormais mari, Daniel Andersson, 32 ans, ont choisi de faire le voyage de plus de 1500 kilomètres qui sépare leur maison d'Oskarshamn dans le sud-est de la Suède du village lapon de Jukkasjaervi, à l'extrême nord, parce qu'ils cherchaient «un endroit unique et extraordinaire pour leur mariage», explique Charlotte.

«Nous avions envisagé plusieurs possibilités, comme aller dans les Caraïbes, mais il y a des plages à plein d'autres endroits. Nous avons alors pensé à l'église de glace, c'était juste plus unique et plus différent», poursuit-elle.

Chaque année, entre 140 et 150 couples, venus d'aussi loin que le Japon ou Singapour, scellent leur union dans le choeur glacé de l'église, selon la coordinatrice des mariages, Eva Lundqvist.

«Je pense que les mariages d'hiver deviennent de plus en plus populaires parce que le blanc y est partout», dit-elle.

La moitié seulement des mariés viennent de Suède, et les Britanniques sont de loin les étrangers les plus représentés, avec près de 90% des couples, selon Mme Lundqvist.

La chapelle, un petit dôme fait entièrement de neige compacte et de blocs translucides de glace sculptée, se trouve juste à côté du fameux «Hôtel de glace» de Jukkasjärvi, à 145 kilomètres au-delà du cercle arctique, où chambres, lits, meubles sont entièrement en glace, taillés chaque année par des artistes dans un thème différent.

Immuablement en décembre, l'église est reconstruite avec la glace d'une usine voisine pour une durée de quatre à cinq mois suivant le climat de la saison, avant d'être abandonnée à son destin et livrée en pâture aux températures positives.

Cette année, les artistes néerlandais Marjolein Vonk et Cindy Berg ont créé la nef.

Ses portes, deux grands battants de glace translucide couverts de peaux de rennes et dont les poignées sont faites avec les bois des cervidés, s'ouvrent sur une forêt enchanteresse de branches sculptées illuminées d'une douce lumière naturelle aux reflets bleutés.

Les branches s'écartent soudain pour laisser la place à un autel, des fonds baptismaux et des chandeliers tous sculptés dans la glace claire.

La trentaine d'invités de Charlotte et Daniel se serrent sur les massifs blocs de glace recouverts de peau de rennes, par une température de moins cinq degrés.

«Nous n'avions pas si froid que ça finalement. Je pense que nous étions trop excités», plaisante Charlotte, qui portait néanmoins des bas de laine et des chaussettes de ski sous sa robe de soie pour tenir les 25 minutes de la cérémonie nuptiale.

«Le plus dur a été de s'habiller», remarque la mariée. «J'ai eu beaucoup de mal à trouver de la fausse fourrure pour aller avec ma robe, et se décider sur les chaussures a été vraiment difficile. Il n'y a pas beaucoup de bottes blanches chaudes qui vont avec une robe de mariée».

«Et nous ne savions pas à quel point il ferait froid. Pour notre cérémonie, cela a été, mais on aurait facilement pu avoir moins 30 si nous n'avions pas eu de chance».

La plupart des couples choisissent de poursuivre leur idylle gelée jusqu'au bout, en séjournant dans l'Hôtel de glace voisin.

«C'était une expérience frigorifiante», raconte Charlotte, qui y a passé la nuit avec Daniel. «Dehors il faisait moins 17 (degrés), et à l'intérieur, moins 5. On doit vraiment se mettre au fin fond de son sac de couchage et on a vraiment pas envie de se lever au milieu de la nuit pour aller aux toilettes», plaisante-t-elle.

Photo: AFP

Tremblante de froid et d'excitation, Charlotte Axelsson-Andersson s'est avancée en robe de soie blanche et manteau de fausse fourrure jusqu'à l'autel de l'église.