La génétique explique le quart des variations en ce qui concerne la précocité sexuelle, selon une nouvelle étude britannique. Les chercheurs ont identifié 38 gènes liés au moment de la première relation sexuelle vaginale. Certains ne sont pas surprenants (un gène lié à la prise de risque), d'autres le sont davantage (un gène lié aux taches de rousseur).

« Les facteurs sociaux et culturels expliquent les trois quarts des variations d'un individu à l'autre quant au moment de la première relation sexuelle », explique l'un des auteurs de l'étude publiée dans la revue Nature Genetics, John Perry, de l'Université de Cambridge. « Mais l'influence des gènes est loin d'être négligeable et éclaire des aspects méconnus de la sexualité et de la vie reproductive. Il faut en tenir compte dans les programmes de santé publique liés à la sexualité des adolescents. »

L'âge au moment de la première relation sexuelle intéresse les chercheurs parce qu'il a de nombreuses conséquences socioéconomiques, comportementales et sur la santé. La précocité sexuelle est par exemple liée à un niveau d'éducation et de revenu plus faible, à un taux de monoparentalité et de divorce plus élevé, au goût du risque, à la cardiopathie, au diabète et, pour les femmes seulement, à une mortalité précoce.

À noter, la première relation sexuelle correspond ici à la première pénétration vaginale. Dans l'étude, le nombre d'homosexuels n'ayant pas commencé leur vie sexuelle par des pratiques hétéros était trop faible pour les analyses statistiques, selon les chercheurs.

Une influence qui se maintient au fil des décennies

Les chercheurs anglais ont disséqué le génome de 125 000 Britanniques de 40 à 69 ans. Ils ont aussi comparé les 38 variantes génétiques associées à l'âge de la première relation sexuelle à la vie sexuelle de deux banques génétiques composées de 240 000 Islandais et de 20 000 Britanniques.

L'influence de la génétique sur la précocité sexuelle se maintenait au fil des décennies, même si l'âge au moment de la première relation sexuelle a baissé, de 21 ans pour les Britanniques nés en 1937 à 19 ans pour ceux nés en 1969.

Détail important, la précocité sexuelle était liée à l'âge de la puberté, qui a baissé de 18 ans à 12 ans entre 1880 et 1980 pour les femmes britanniques, mais pas à l'âge auquel on a son premier enfant. La baisse de l'âge de la puberté, mieux étudiée chez les femmes que chez les hommes à cause des visites médicales liées aux premières règles, a été liée par plusieurs études aux changements nutritionnels - positifs comme négatifs - apportés par l'industrialisation.

Trois gènes en cause

CAM2

Cette variante d'un gène contrôlant le développement des connexions entre les cellules du cerveau augmente le goût du risque, diminue l'âge de la première relation sexuelle et augmente la taille de la progéniture.

MSRA



Cette variante d'un gène lié au stress augmente l'irritabilité et l'âge de la première relation sexuelle, pour une raison inconnue selon les chercheurs, qui notent que cette corrélation est aussi observée chez les mouches drosophiles de laboratoire, chez qui cette variante génétique accroît aussi la longévité.

MC1R



Cette variante d'un gène lié à la couleur des cheveux et de la peau augmente la probabilité d'avoir des taches de rousseur et les cheveux roux, mais aussi l'âge de la première relation sexuelle.

Source : Nature Genetics

Note : Ces données incluent les relations orales.

Source : Institut national de santé publique du Québec