On associe le virus du papillome humain (VPH) aux femmes. On sait qu'il peut causer le cancer du col de l'utérus et c'est pour cette raison que les fillettes sont vaccinées au Québec vers l'âge de 10 ans. Mais qu'en est-il des hommes et du VPH ? Que risquent-ils ?

Ce qu'on appelle communément le virus du papillome humain (VPH) constitue une grosse famille de virus : il existe plus d'une centaine de types de VPH. Les versions les plus courantes sont de types 16 et 18, qui causent notamment le cancer du col de l'utérus, et de types 6 et 11, responsables de la plupart des condylomes, infection transmise sexuellement (ITS) caractérisée par l'apparition de verrues génitales.

« La plupart des gens vont être infectés au cours de leur vie, mais la plupart vont théoriquement s'en débarrasser. Environ 10 % des gens qui ont le VPH vont développer des condylomes, explique le Dr Réjean Thomas, de la clinique l'Actuel. Ça fait quand même beaucoup de monde. On pourrait faire des journées complètes de cliniques de condylomes, c'est la MTS la plus fréquente. »

INFECTÉ, MAIS SANS SYMPTÔME

Comment un homme peut-il savoir s'il est infecté ? Souvent, il ne le peut pas, car il est asymptomatique. Sauf s'il développe des condylomes. « Ce qui est difficile, c'est qu'il n'y a pas de test de dépistage, reconnaît le Dr Thomas. Le test, on le fait quand quelqu'un consulte parce qu'il a des lésions ou un doute : on fait un examen visuel qui, en général, suffit pour dire s'il s'agit de condylomes ou pas. »

Ces condylomes peuvent se retrouver sur le pénis, dans la région anale, sur le pubis et dans de rares cas, dans la bouche. En ce qui a trait aux versions susceptibles de causer des cancers, elles peuvent notamment toucher l'anus (« qui ne sont pas rares, en particulier chez les hommes immunodéprimés »), et la zone que les médecins désignent par ORL (nez, bouche, gorge, oreilles).

COMMENT SE PROTÉGER ?

Se protéger du VPH n'est pas simple. Le condom protège peu, car les lésions ne se trouvent pas nécessairement sur le pénis. « Ça s'attrape durant les préliminaires », précise le Dr Thomas. Les attouchements dans les régions génitale et anale participent en effet à la contamination. Il relève notamment qu'on trouve « du VPH à l'anus chez 25 % des hommes hétérosexuels qui ont du VPH au pénis ». Les relations bucco-génitales sont aussi des vecteurs de transmission.

Le vaccin constitue la meilleure façon de se protéger, selon le Dr Thomas. Ainsi, la vaccination massive des jeunes filles vise, à terme, à réduire la prévalence du VPH de manière générale puisque les hommes hétérosexuels seraient protégés du même coup. « Par contre, les hommes homosexuels ne sont pas protégés par la vaccination des filles et c'est là le problème : on veut vacciner les hommes homosexuels, mais on veut les vacciner jeunes, dit le médecin. Souvent, jeunes, les hommes ne savent pas s'ils sont homosexuels ou non. »

Le Dr Thomas le conseille néanmoins à tous ses patients. Et il espère qu'on en viendra un jour à une vaccination générale des jeunes filles et garçons. Il sait que le vaccin coûte cher, mais estime qu'au bout du compte, l'argent épargné en consultation pour les condylomes pourrait représenter une économie dont il convient de tenir compte. L'Australie, l'Autriche, l'Île-du-Prince-Édouard et l'Alberta vaccinent déjà les garçons, souligne le fondateur de la clinique l'Actuel.