Le quotidien du Vatican fait réagir de manière inédite, dans son supplément mensuel féminin de juin, des femmes catholiques à la «révolution sexuelle» d'après 1968, qui, regrette-t-il, a «laissé de nombreux blessés» et mené à l'intervention croissante de l'État dans les choix familiaux.

Dans ce supplément inédit de l'Osservatore Romano, sa coordinatrice, l'historienne Lucetta Scaraffia, reconnaît d'emblée que l'Église a été considérée comme une «ennemie du sexe» parce qu'elle s'opposait à la «révolution sexuelle» qui promettait à tous «le bonheur à travers le plaisir».

«La révolution sexuelle a laissé de nombreux blessés sur le terrain», selon l'éditorialiste qui en trace un bilan sombre: ces victimes se trouvent, assure-t-elle, parmi les jeunes «peu protégés par le milieu social», les femmes qui «ne parviennent pas à réaliser leur rêve de maternité» et les «célibataires qui doivent se mesurer, chaque jour, à leur solitude».

«Dans de nombreux pays, ce fut une nouvelle occasion pour l'État d'entrer de manière pesante dans la vie des êtres humains, décidant à la place des individus si oui et à quel moment avoir des enfants, en fonction des exigences économiques et sociales», fustige encore Mme Scaraffia. Un article du supplément est d'ailleurs intitulé: «Quand l'État pilote les choix en matière de procréation».

On retrouve encore dans cette édition un article intitulé «Enquête parmi les adolescents qui cherchent dans le sexe un antidote au vide», et un autre sur un prêtre romain engagé auprès des prostituées mineures.

Pour contrer l'idée que la religion catholique est «bigote» et opposée au sexe, le supplément publie une tribune sur le Cantique des cantiques, grand texte poétique de la Bible décrivant l'attirance mutuelle d'un jeune homme et d'une jeune fille, et signé par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture.

Si les condamnations de la «révolution sexuelle» et des politiques familiales des pays occidentaux ne sont pas rares dans les médias du Vatican, c'est la première fois que le journal du pape consacre une édition de son supplément consacrée au point de vue féminin sur ce sujet.

Plusieurs journalistes femmes de l'Osservatore Romano avaient créé il y a deux ans, avec l'appui du pape Benoît XVI, ce supplément mensuel de quatre pages, «Donne, chiesa, mondo» («Femmes, Église, monde»), pour donner voix aux femmes souvent peu écoutées dans l'Église.