Le jour, elle étudie la mode. Le soir, elle se transforme en dominatrice de cuir. À l'occasion du 8e Weekend Fétiche, qui débute ce soir à Montréal, La Presse a rencontré Jenni, alias l'archiduchesse Von Hellkitty, une fine pas fine qui aime donner la fessée.

Il y a de beaux joujoux dans votre salon. À quoi ça sert?

Ce sont mes outils de travail. Des menottes. Des cordes pour ligoter. Une croix de Saint-André pour attacher mes clients. Un lit avec des draps en PVC. Une table de gynécologue. Des masques à gaz. Des masques de cuir. Des martinets. Des fouets. Des palettes pour donner la fessée. Celui-là fait assez mal, je dois faire attention à ne pas laisser de traces, les clients n'aiment pas trop ça. Surtout quand ils sont mariés!

Dominatrice professionnelle, alors?

Oui, c'est mon fétiche. J'ai toujours été dans ce style de vie. À 10 ans, j'attachais déjà le meilleur ami de mon frère. Ça m'excitait, je ne savais pas pourquoi. Quand ma sexualité s'est développée, j'ai mieux compris.

Et les gens que vous dominez, ils cherchent quoi?

À être soumis. Attachés. Frappés. Enroulés dans du cellophane. Pourquoi? Parce qu'ils ne sont pas satisfaits de la «sexualité vanille» qu'ils ont avec leur partenaire. Parce que leur vie les ennuie. Ou simplement parce qu'ils aiment le confort d'être enfermé dans un sac de cuir! Parfois, ce sont des fantasmes qui peuvent remonter à l'enfance.

Mais euh...qu'est-ce qui vous allume là-dedans?

La créativité. Le pouvoir. J'aime le contrôle. Et l'image d'une femme forte avec des armes.

La question à 100$: quelle est la part de sexe dans tout ça?

C'est un axe central, mais ça ne veut pas dire qu'il y a des relations sexuelles. Il faut tracer la ligne. On joue surtout sur les fantasmes et sur l'éveil des sens. Avec humour. Attention, je ne donne pas dans le sadomaso, qui est axé sur la souffrance. Moi je fais du BDSM. Bondage (attacher les gens) discipline, dominance, soumission. Je joue sur la restriction. Cela peut être physique ou verbal.

Est-ce qu'il faut être dans ce trip pour aller au Weekend Fétiche ?

Disons que c'est une occasion de rencontrer des gens qui sont sur la même longueur d'onde que vous. C'est mieux que l'internet non? Cela dit, tous les fétiches ne sont pas nécessairement BDSM. Chacun a son truc. Ça peut être le fétiche du bas nylon. Du corset. Du cuir. Du latex. Il y en a qui se déguisent en Mickey Mouse. Qui portent du latex gonflable. L'idée, c'est de jouer avec ses formes. De se déguiser. De devenir quelqu'un d'autre le temps d'une nuit. Ici, les masques sont acceptés. Ça permet à des gens connus, comme des athlètes ou des politiciens, de venir sans être reconnus.

Wo boy. Ça doit attirer de méchants weirdos votre affaire?

Au contraire. Si vous êtes sombre et vraiment tordu, vous ne vous ferez pas d'amis. Ici, tout est basé sur le jeu et le plaisir.

Bien. En terminant: vous étudiez en mode le jour et tripez fétiche la nuit. Comment s'entendent vos deux personnalités?

J'espère n'être qu'une seule et même personne (rires)! Mais je suis plus discrète sur mes activités nocturnes. Je fais une maîtrise en mise en marché de mode. Professionnellement, je veux être prise au sérieux. Mais je ne renie pas ma partie fétichiste. Ça m'a permis de voir le monde, de rencontrer des gens avec des intérêts similaires et de rire un bon coup!