Michelle est grande, blonde et particulièrement extravertie. Son boulot: briser la glace pour des hommes dans les bars du centre-ville. «Je suis une wingwoman professionnelle!»

Wingwomen, c'est le nom donné aux femmes qui travaillent pour Wing Me, une agence de «facilitatrices de rencontres», lancée il y a deux mois à Montréal. Moyennant 40 à 50$ de l'heure, elles approchent, discutent et attirent d'autres femmes vers leurs clients masculins.

La Presse a suivi Michelle incognito lors d'une soirée au Club House, un bar branché de la rue de la Montagne. Pour son client, Jean-Sébastien Racine, elle a abordé deux femmes qui discutaient sur une banquette. Après une très brève discussion, elle leur a désigné son client. «C'est mon ami «J-S». Est-ce que ça vous tente qu'il vienne jaser avec vous?»

L'approche a immédiatement fait mouche. Quelques instants plus tard, voyant que son client discutait en solo avec une des deux femmes, la wingwoman s'est concentrée sur son amie, question de l'occuper. «Vous êtes célibataires, les filles?», a alors lancé Michelle sans grande subtilité. «Yeah! Moi et «J-S» aussi!»

En moins de 30 minutes, Jean-Sébastien obtenait le numéro de téléphone de l'une des deux femmes.

«Moi, je connecte facilement avec les filles. On est des femmes, on se comprend. Ça ne me gêne pas du tout de me faire dire non en essayant d'introduire un client», expliquera plus tard Michelle. «Dans les bars, je danse n'importe où, je me fais du fun. Avec moi, mes clients ont l'air de s'amuser aussi, et ça, ça intrigue les autres femmes. Ça marche, c'est tout.»

Approche «efficiente»

À New York, un service semblable existe depuis 2004. D'autres ont aussi vu le jour à Boston, Los Angeles et Denver. Wing Me est pour le moment la seule agence du genre au Canada. «Pour l'instant, nous servons en moyenne cinq clients par semaine, indique François Soto, le fondateur de Wing Me. Nous croyons que ça va grimper à 10 ou 15, voire davantage lorsque de grands événements se dérouleront en ville.»

Âgé de 28 ans et diplômé en finance, François Soto assure que l'approche de ses wingwomen est «efficiente». «C'est empirique! Deux clients sur trois qui font affaire avec nous obtiennent au moins un numéro de téléphone au cours de la soirée», dit-il. «C'est beaucoup plus efficace que les sites de rencontre, qui nécessitent énormément d'investissement en temps»

Danièle Parent, experte en stratégie de séduction et animatrice de l'émission Célibataires recherchés, à Canal Vie, se montre toutefois critique devant ce ce nouveau service. «Ça peut peut-être marcher pour un petit flirt sans lendemain, mais pour trouver une relation sérieuse, ce n'est vraiment pas la bonne approche», croit-elle. «Moi, avant de mettre deux personnes en relation, je fais des recherches, je me déplace, je les rencontre. Quand ils se voient en personne pour la première fois, ils se sont déjà parlé au téléphone et ça marche.»

Après seulement deux mois d'existence, difficile de dire si le service offert par Wing Me donnera de bons résultats à long terme. Mais qu'importe. Le soir de notre passage, Jean-Sébastien Racine ne cherchait pas nécessairement l'âme soeur. «Je vois ma soirée comme une expérience. Dans les bars, je ne suis pas du genre à approcher aussi facilement les filles. Là, je rencontre du monde, j'ai du fun et j'ai déjà un numéro de téléphone. On verra où ça peut me mener. Et la soirée est encore jeune.»