Qui l'eût cru? Non, les adolescents ne sont pas tous accros à la porno. Loin de là. Plusieurs s'interrogent sur leur première fois, parlent engagement, désir, plaisir, respect même. Bref, ils n'ont rien à voir avec le portrait débridé et souvent inquiétant que font d'eux les médias. Un documentaire - tout sauf choc - fait le point.

Dans Sexe-ado, dont la première partie est diffusée dimanche à Canal Vie, une douzaine d'adolescents de 14 à 17 ans s'expriment tout à fait librement sur une foule de sujets liés à la sexualité. Pas n'importe laquelle: la leur. Fait inusité, ils parlent ici sans gêne ni pudeur d'un sujet que bien des parents ont pourtant tant de mal à aborder.

Alors, vous aurez été prévenu: ne vous attendez pas à entendre le récit de faits choquants se déroulant dans une cour d'école près de chez vous. Tout le contraire. «On a donné la parole à la majorité silencieuse, explique la réalisatrice Chantal Mondoux. Souvent, quand on aborde la question de la sexualité, on l'attaque sous un angle négatif. C'est vrai qu'il y a de la pornographie, de l'hypersexualisation. Mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi de très belles choses!»

Elle n'a pas tort. Les dernières recherches sur la question menées au département de sexologie de l'UQAM démontrent que les jeunes Québécois ne sont pas plus précoces que leurs parents. Leur première relation sexuelle, ils la vivent autour de 16-17 ans. Un chiffre tout à fait stable avec les années. Mieux: ces adolescents souhaitent d'abord une relation affective. C'est d'ailleurs ce qui ressort des témoignages recueillis dans le reportage, notamment dans la première partie, Prêt pas prêt, qui porte justement sur la première fois. Les jeunes y parlent très concrètement de désir («c'est quand j'ai la libido dans le tapis!», «mon coeur qui palpite, le sang qui bouillonne»), de masturbation («un plaisir à temps partiel»), de pornographie («un passage obligé pour les garçons», «la première fois que t'as une fille toute nue devant toi, si t'as aucune idée comment ça marche, t'es mal pris!»), mais de peur aussi: peur de la première fois, peur du regard des autres, peur de ne pas être aimé pour vrai.

Les adolescents qu'on nous présente, ni précoces, ni traumatisés, ni particulièrement délurés, ont néanmoins chacun leur histoire: certains sont encore vierges et attendent le grand amour, d'autres ont eu une première expérience décevante, d'autres encore une première fois toute programmée. Deux filles vivent leur homosexualité de manière particulièrement épanouie. Et un dernier, une ambivalence sexuelle plutôt bien assumée («là, je vis ça, mais je sais que je vais finir à 30 ans avec une fille et des enfants»).

La deuxième partie du documentaire (Quand l'école ne s'en mêle plus), diffusée dimanche prochain (le 16), est un vibrant plaidoyer pour des cours d'éducation sexuelle à l'école. On le sait, Québec a annoncé le retour de cette formation, disparue avec la réforme, dès la rentrée prochaine. Ici, on voit plusieurs jeunes et intervenants du milieu la revendiquer avec conviction. Il faut dire que la sexualité est souvent la grande préoccupation du moment. Et les interrogations, à ce sujet, sont non seulement nombreuses, mais aussi très pointues. Plusieurs enseignants l'avouent, tout le monde n'est pas outillé pour y répondre.

«C'est sûr que ça n'est pas un documentaire très sensationnaliste, conclut Chantal Mondoux. On ne sonne pas d'alarme. Ne serait-ce que pour dire: oui, la sexualité, c'est beau, c'est sauvage et c'est compliqué. Et ça reste comme ça toute notre vie!»

À voir, idéalement en famille.

Sexe-ado: documentaire de Chantal Mondoux diffusé à Canal Vie, en deux parties, les dimanches 9 et 16 janvier, à 20h.