C'est une première à Montréal, voire au Canada: une exposition grand public explore la sexualité sous tous ses angles, toutes ses coutures. Objectif: répondre en textes, en images, même en vidéo  aux 101 questions que peuvent se poser les ados sur la question. Tout ce qu'ils ont toujours voulu savoir sur le sexe y est. Et plus encore.

Sexe, l'expo qui dit tout! Une création unique et originale du Centre des sciences, a été lancée hier après-midi à Montréal. Objectif: répondre aux 101 questions que peuvent se poser les jeunes ados sur la sexualité. Sans gêne ni pudeur, mais avec tact, franchise, et même... humour!

Pourquoi mon corps change t-il? (Suis-je normal?) Qu'est-ce qui m'excite? (Suis-je normal?) Pourquoi je pense toujours à ça? (Suis-je normal?)

C'est à toutes ces questions, et à 98 autres, que la plus récente exposition du Centre des sciences de Montréal s'est mise au défi de répondre. Par l'entremise de jeux interactifs (la signature habituelle du Centre), de vidéos explicatives (souvent humoristiques), de témoignages audio, même de photos très détaillées, tout ce que les ados ont toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander s'y trouve. Et peut-être même plus encore.

C'est d'ailleurs pour cette raison que l'expo s'adresse aux jeunes de 12 ans et plus. On ne refusera personne à l'entrée, assure-t-on, mais les thèmes abordés s'adressent clairement, et sans ambiguïtés, à un public pubère.

L'expo, qui interpelle directement le visiteur («Moi, comme homme, femme, peu importe mon âge ou mon orientation sexuelle», explique Michel Groulx, directeur recherche et contenu), est divisée en cinq grands volets: mon origine, moi, moi et toi, moi et les autres, et ma perception (la zone de conclusion).

Le premier volet est ainsi réservé à la question des origines. D'où je viens? D'un acte sexuel. C'est ici le seul endroit où la sexualité est abordée sous l'angle de la procréation. Dans tout le reste de l'expo, le sexe est plutôt présenté comme «un choix à faire»: «Parce que l'adolescent veut savoir comment lui, il va vivre sa sexualité, et non comment on fait des bébés», justifie Michel Groulx.

Deuxième volet: moi en tant qu'être sexuel. Deux immenses fresques présentent des hommes d'un côté, des femmes de l'autre, dans leur plus simple appareil, histoire de présenter l'évolution du corps humain et des organes sexuels, de la toute petite enfance à l'âge mûr. C'est ici qu'e sont aussi abordées la question de la variété des organes sexuels (photos en gros plan à l'appui), de l'acceptation de soi, de la découverte de la masturbation (par l'entremise d'un dessin animé), et de l'identité sexuelle (avec témoignages vidéo). «Le message, ici, c'est que la sexualité fait partie de mon identité.»

Troisième volet: moi et toi, le plus important de l'expo. C'est ici que sont abordées les questions de l'attirance et de la séduction, de l'excitation, et de l'acte sexuel à proprement parler. Des jeux interactifs montrent l'importance du toucher et des sensations, deux mannequins grandeur nature présentent les différentes zones érogènes du corps humain, et une vidéo, inspirée de Woody Allen (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe...), explique scientifiquement, biologiquement ce qui se passe, d'un côté chez l'homme, de l'autre chez la femme,  pendant une relation sexuelle. «Nous ne voulions pas être crus, alors on a eu l'idée de présenter ça sous l'angle du cerveau qui contrôle tout.» C'est aussi dans ce volet qu'est abordée les questions de la communication (comment dire non? dire oui?) et de la première fois. «On a voulu dédramatiser tout ça. Avec les témoignages, on voit que pour bien des gens, la première fois, c'est pas si bien que ça!»

Quatrième volet: moi et les autres, ou l'influence que peut avoir la société sur la sexualité. C'est ici que l'expo s'attaque aux ITS, aux différents moyens de contraception (avec une vidéo très marrante sur l'art d'enfiler un condom) et à l'internet.

Le dernier volet, enfin, invite le visiteur à faire le point: pour moi, la sexualité, c'est quoi?

«À travers l'exposition, on ne porte jamais de jugement de valeur. On veut que personne ne se sente exclu», explique Michel Groulx. C'est d'ailleurs un comité scientifique (composé entre autres du responsable de la médecine adolescente à l'hôpital Sainte-Justine, Jean-Yves Frappier, et de la sexologue Jocelyne Robert) qui a aiguillé le Centre en ce sens. Par contre, certaines questions ont été volontairement écartées (on pense ici aux dysfonctions érectiles et aux déviances sexuelles) pour se concentrer sur les véritables préoccupations des jeunes, et présenter une vision saine de la sexualité. «Nous avons ici un biais très positif. Oui, on parle des ITS, du condom, mais on ne parle pas que de ça. On présente plutôt la sexualité comme quelque chose de fondamental, que l'on se doit d'épanouir.»

Sexe: l'expo qui dit tout! au Centre des sciences de Montréal jusqu'au 6 mars 2011. À partir de 12 ans. Infos: www.centredessciencesdemontreal.com. Prévoir une bonne heure pour la visite

Ils ont dit...

Attrapés au vol, à la sortie de l'expo hier, quelques jeunes nous ont livré leurs premières impressions. En vrac et dans le désordre:

«Ça a bien répondu à nos questions, avec beaucoup d'images, de textes explicatifs, de petits films.»

- Andreille, 15 ans.

«Moi j'ai trouvé qu'on en voyait beaucoup trop. Ça faisait plus rire le monde qu'autre chose. Ça nous apprenait pas grand-chose.»

- Michèle, 15 ans.

«J'ai appris qu'est-ce qui faisait qu'on était une fille ou un garçon. C'est les chromosomes. Et puis j'ai appris que c'est le cerveau qui contrôle tout dans la sexualité.»

- Claudia, 16 ans.

«C'était plate. OK, comment on fait des bébés, so what? On pouvait toucher à rien, plein de jeux ne marchaient pas. On savait déjà tout ça.»

- Carole-Anne, 15 ans.

«C'était pas plate, mais c'est vrai que c'est des choses qu'on savait déjà.»

- Raymond, 15 ans.

«Moi, ça a répondu à mes questions. J'ai appris qu'on est obligé de mettre un condom, même si c'est la première fois pour la fille. J'ai appris comment me sentir prêt. Par contre, je ne sais toujours pas si un enfant naît d'une mère séropositive, est-ce qu'il va avoir le sida?»

- Frank, 14 ans.

«Moi j'ai appris que l'amour, les filles elles aiment ça.»

- Presley, 12 ans.

Le saviez-vous ?

-Notre principal organe sexuel, c'est le cerveau. Et la première et meilleure source de fantasmes, c'est aussi le cerveau.

-Le bonobo, chimpanzé nain, est le seul mammifère, avec l'homme, à pratiquer la position du missionnaire, face à face.

-À neuf semaines de gestation, les organes sexuels des garçons et des filles sont identiques.

-L'inventeur des Corn Flakes, M. Kellogg, a inventé ses fameuses céréales pour offrir aux jeunes une alimentation saine qui éviterait les mauvaises pensées, histoire de prévenir la masturbation.

-Comme l'humain, le guêpier, un petit oiseau, offre des cadeaux à la femelle pour la séduire.

L'hormone du coup de foudre ne dure que quatre ans.

-Au Japon, les relations sexuelles avant le mariage ne sont approuvées que par 5 % de la population.

-Les premiers vibromasseurs ont été inventés pour soigner l'hystérie des femmes.

Source : Centre des sciences de Montréal