Mangeriez-vous des bonbons sur lesquels on peut lire: «Peut avoir des effets indésirables sur l'activité et l'attention chez les enfants» ? C'est l'avertissement déroutant qui figure sur les boîtes de Pâques de Jelly Belly.

Utilisés pour donner aux fèves en gelée leurs teintes vives, des colorants synthétiques (tartrazine, jaune orangé et rouge allura) sont soupçonnés d'exacerber l'hyperactivité des enfants qui ont des problèmes de comportement. Si Jelly Belly met les consommateurs en garde contre cet effet indésirable, c'est parce que la réglementation en Europe - où sont aussi vendus ces bonbons - l'y oblige, depuis 2010. Au Canada, les fabricants n'ont même pas à révéler quels colorants sont ajoutés aux aliments.

«Les ventes n'ont pas été influencées négativement par cet étiquetage, a indiqué à La Presse Simone Abt, porte-parole de Jelly Belly au Canada. Les quantités de colorants artificiels contenues dans les fèves Jelly Belly sont des centaines de fois sous les doses quotidiennes admissibles.»





En Europe, la réglementation a pourtant eu un grand impact sur les confiseurs, qui ont largement abandonné les colorants azoïques pour ne pas avoir à mettre des avertissements sur les paquets de bonbons. Haribo, qui domine le marché français, «a choisi d'utiliser des colorants d'origine naturelle dans la majorité de ses bonbons», selon son site internet.

Même ici, Jelly Belly s'apprête à lancer les Beanaturals, des fèves en gelée sans colorants ni saveurs artificiels, précise Mme Abt. Des jus concentrés et des purées de fruits et légumes leur donnent du goût et des couleurs, moins pimpantes il est vrai.

Colorant cancérigène dans le Coke et le Pepsi

Coca-Cola et Pepsi viennent aussi d'annoncer qu'ils diminueront la quantité de colorant caramel chimique - jugé cancérigène - ajoutée à leurs boissons aux États-Unis. Si elles ne le font pas, la Californie les obligera à inscrire une mise en garde sur leurs étiquettes, rapporte l'AFP



Photo Ninon Pednault, La Presse

Si Jelly Belly met les consommateurs en garde contre cet effet indésirable, c'est parce que la réglementation en Europe - où sont aussi vendus ces bonbons - l'y oblige, depuis 2010.

Anne-Marie Mazé, mère d'un garçon de 5 ans réagissant à l'ingestion de colorants et coauteure du blogue L'effet barbe à papa, se réjouit de voir les fabricants bouger. «Ce serait absolument merveilleux si le Canada emboîtait le pas à l'Europe, a-t-elle dit. Notre souhait est bien simple: que toute entreprise ait l'obligation de dire la totalité de ce qui entre dans la fabrication de ses produits et de fournir les avertissements nécessaires.»

Santé Canada n'est pas pressé

Mais Santé Canada n'est pas pressé. En 2010, le Ministère a voulu obliger les fabricants à déclarer le nom usuel ou le code des colorants qu'ils utilisent. «Cette modification est proposée parce que des effets indésirables pourraient être causés par la consommation de certains colorants alimentaires», a expliqué Leslie Meerburg, porte-parole de Santé Canada. Bien que la consultation à ce sujet ait eu lieu il y a deux ans, rien n'a encore changé dans la réglementation canadienne.

«Ce serait un début pour les gens qui s'intéressent à la question», a observé Stéphanie Côté, nutritionniste d'Extenso, centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal.

À la Sucrerie du Soleil, magasin de bonbons de l'avenue du Mont-Royal, à Montréal, les clients ne craignent pas les colorants dans les Jelly Belly, a indiqué un vendeur. «Au contraire, ce sont les plus populaires chez les enfants», a-t-il dit.



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