Le Vermont a adopté en mai dernier une loi exigeant l'étiquetage des aliments contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM), qui doit entrer en vigueur en 2016. Au Québec - et ailleurs au Canada -, indiquer la présence d'OGM sur les produits n'est pas obligatoire. Pourtant, le quart des consommateurs affirme ne pas avoir acheté ou mangé un aliment parce qu'il aurait pu avoir été transformé par génie génétique, selon la firme de conseil Varium.

La proportion de gens qui évitent les OGM grimpait à 29,5% dans la région de Montréal, en 2012. «Ces taux sont significativement plus élevés chez les 35 à 54 ans et chez les femmes», précise le rapport sur l'Indice de stress alimentaire de Varium.

Pour mieux mesurer les changements d'habitudes liés aux risques et bénéfices des aliments, la firme a commandé six sondages mesurant ce «stress alimentaire», depuis 2004. En moyenne, 25,1% des 1904 répondants (de 2004 à 2012, à Montréal et à Toronto) affirment éviter les aliments transgéniques, ce qui «est important et assez surprenant, puisqu'il n'y a pas d'étiquetage des aliments contenant des OGM» au Canada, observe François Houde, président de Varium.

Superficie record d'OGM au Québec

Attention, pas d'étiquetage ne veut pas dire pas d'OGM. Un nombre record de terres du Québec ont servi à faire pousser des OGM en 2012, alors que 85% des superficies de canola étaient transgéniques, comme 83% de celles de maïs-grain (mangé par le bétail et la volaille) et 59 % de celles de soya. Qui y pense en avalant son tofu?

Le génie génétique se retrouve là où le consommateur ne l'attend pas toujours, comme dans les céréales Kashi, qui se disent «naturelles» tout en contenant des OGM, ce qui a suscité la controverse en 2012. Aujourd'hui, Kashi fait valoir sur son site internet qu'«environ 70 % des aliments emballés contiennent des OGM». L'entreprise promet aussi que, d'ici la fin de 2015, «plus de la moitié» de ses produits seront certifiés sans OGM.

«L'introduction des OGM aux consommateurs n'a pas été conduite de la meilleure façon, ce qui a engendré beaucoup de peur, rappelle M. Houde. Les fabricants le savent très bien...» Mais voilà, grâce au génie génétique, «les matières premières [maïs, soya] sont moins coûteuses et on évite les répercussions sur le coût des aliments qu'engendrerait un retour aux semences traditionnelles», ajoute-t-il.

Non au sel et au sucre, oui aux probiotiques

Désormais, manger santé n'est plus une tendance, mais la norme, et cela va bien au-delà des OGM, selon M. Houde. En réaction aux risques et bénéfices perçus, les répondants aux enquêtes de Varium ont adopté 9 des 20 changements aux habitudes alimentaires mesurés (ce qui donne un indice de stress alimentaire moyen de 9). Cet indice est significativement plus élevé chez les femmes (9,6), les ménages dont le revenu familial moyen est supérieur à 75 000$ par an (10) et les universitaires (10,4). Il est plus faible chez les 18 à 34 ans (8,4).

Deux risques liés aux aliments, soit une trop forte teneur en sel et en sucre, dérangent plus les consommateurs en 2012 qu'en 2004. Deux bénéfices, soit la teneur réduite en gras et la présence de probiotiques, étaient quant à eux plus prisés qu'avant.

«Le mangeur d'aujourd'hui, note Varium, a de plus en plus besoin de comprendre les bénéfices et d'être rassuré quant aux risques liés à la consommation de ses aliments.»

C'est quoi un OGM?

Un organisme génétiquement modifié (OGM) est «un microorganisme, une plante ou un animal dont le patrimoine génétique a été modifié par génie génétique pour lui attribuer des caractéristiques qu'il ne possède pas du tout ou qu'il possède déjà, mais à un degré jugé insatisfaisant à son état naturel, ou pour lui enlever ou atténuer certaines caractéristiques jugées indésirables», selon la Commissionde l'éthique en science et en technologie du Québec.