Devançant le gouvernement Marois qui s'apprête à dévoiler son projet de souveraineté alimentaire, la chaîne de supermarchés Metro a adopté hier une politique d'achat local. «Ça devrait générer plus de ventes pour les fournisseurs québécois», a indiqué Marie-Claude Bacon, directrice principale au service des affaires corporatives de Metro.

L'assiette des Québécois est composée à 33% de produits agricoles d'ici, un taux qui grimpe à 55% en prenant en compte les produits alimentaires fabriqués ici. Avec sa nouvelle politique, Québec veut accroître cette proportion.

Mais Metro - comme ses concurrents - refuse de se faire imposer un quota d'aliments d'ici à garder en stock. «C'est la position défendue par l'ensemble des détaillants au Québec», a confirmé Hugues Mousseau, directeur principal des affaires corporatives de Loblaw. «Je crois qu'il y a des façons de faire beaucoup plus performantes que d'imposer des quotas», a ajouté Mme Bacon.

Metro veut accroître la présence des produits régionaux dans ses 296 magasins au Québec, ce qui inclut les Super C. Un projet-pilote est en cours dans des supermarchés de Lanaudière, du Centre-du-Québec et de Chaudière-Appalaches, pour offrir plus de produits locaux. «Probablement qu'on peut améliorer notre travail de valorisation des produits régionaux», a reconnu Mme Bacon.

La promotion accrue des produits certifiés Aliments du Québec est aussi au menu, comme une meilleure alliance avec des fournisseurs que Metro qualifie d'innovants. Exemple: Lefort, de Sainte-Clothilde-de-Châteauguay, qui produit en serre les poivrons VÔG.

Réactions positives

«Accorder une plus grande place aux aliments du Québec, sensibiliser les gens à l'achat local, c'est sûr que ça aide toute l'industrie», s'est réjouie Marie-Ève St-Amour, directrice générale de la Boulangerie St-Donat. La trentaine de tartes et gâteaux différents fabriqués par cette boulangerie de Lanaudière sont distribués partout au Québec, par les trois grandes bannières d'alimentation.

Benoit Girouard, président de l'Union paysanne, s'est dit «enchanté» par la politique d'achat local de Metro. «L'engagement de Metro vaut mieux que toutes les politiques gouvernementales, a-t-il souligné. On espère, par contre, qu'ils pourront quantifier leurs progrès et nous dire dans quelques années: voici ce qu'on a fait.» Refusant de chiffrer ses engagements, Metro s'engage toutefois à faire une reddition de comptes dans un rapport.

Chez Loblaw aussi

Quant à Provigo et Loblaw, ils ont ajouté 700 produits québécois sur les tablettes de leurs 110 magasins au cours des 18 derniers mois, a précisé M. Mousseau. À compter de cet été, Loblaw investira 100 millions pour implanter un nouveau concept de magasins au Québec, axés sur les produits d'ici.

Les quatre «P»

L'achat local est en vogue. Hier, François Gendron, le ministre de l'Agriculture du Québec, était en Ontario, où il en a discuté avec Kathleen Wynne - à la fois ministre de l'Agriculture et première ministre de la province voisine. M. Gendron ne vise pas l'autosuffisance avec sa nouvelle politique de souveraineté alimentaire, dite des quatre P: produit, patrimoine, potentiel et pérennité.

Déjà, Québec a augmenté le budget des pêches et de l'aquaculture commerciales, vendredi dernier. L'enveloppe annuelle consacrée à ce secteur grimpe de 10 millions à 12,5 millions par an, pour 2013 et 2014.

Ce que les québécois mangent

- Six Québécois sur dix estiment que les produits alimentaires du Québec sont «de qualité supérieure aux produits importés».

- Dans l'assiette des Québécois, 33% des produits agricoles sont d'ici.

- Dans l'assiette des Québécois, 55% des produits alimentaires sont fabriqués ici.

- Les Québécois consacrent 13% de leurs dépenses à l'alimentation.

Sources: MAPAQ et UPA