Alors que les nutritionnistes recommandent, depuis plusieurs années, aux consommateurs de réduire considérablement leur consommation de sel, une nouvelle analyse - controversée dès sa publication - remet en question le lien existant entre une consommation de sel réduite et la prévention des maladies cardiovasculaires.

Les résultats de cette analyse, compilés à partir de sept autres études ayant suivi un total de 6 250 patients sur une période de 6 mois ou plus, révèlent qu'il n'y aurait aucune preuve indiquant qu'une consommation réduite de sel préviendrait les troubles cardiaques chez les personnes présentant une pression artérielle normale ou élevée.

Par le passé, des études et des tests cliniques ont fait état qu'une consommation réduite de sel pouvait réduire la pression artérielle et du coup, influer sur les maladies cardiovasculaires. Au moins une autre étude avait aussi démontré qu'une très grande consommation de sel augmentait les risques de crises cardiaques par 23 %.

Selon Rod Taylor, statisticien à l'Université Exeter, au Royaume-Uni et auteur principal de cette analyse, on n'est pas encore tout à fait sûr que cette consommation restreinte de sel réduise suffisamment la pression artérielle pour protéger des maladies cardiaques. « Les gens choisissent de réduire le sel, mais la diminution des maladies cardiovasculaires pourrait être associée à un tout groupe d'autres comportements sains. Ils pourraient être plus actifs et manger moins de gras saturé », note-t-il. Des habitudes de vie qui pourraient les tenir tout autant à l'écart de troubles cardiaques.

Depuis sa publication le 6 juillet dernier, l'analyse a fait les frais de nombreuses critiques: nature de l'exercice, échantillonnage trop faible, écran de fumée qui pourrait s'avérer néfaste dans la lutte contre le sel menée par les autorités publiques. L'éditeur du journal dans lequel a été publiée l'analyse a même été pointé du doigt en raison des liens qu'il entretient avec le Salt Institute, une association regroupant plusieurs grandes compagnies de sel.

Le chercheur, conscient des limites de son analyse, a déjà répondu en partie à ses détracteurs. Il mentionne entre autres qu'une étude expérimentale comparative impliquant des sujets soumis respectivement à un régime pauvre et riche en sel pourrait effectivement apporter une réponse plus claire à cette question qu'une étude s'appuyant sur des observations comme la sienne.

Il conclut néanmoins en déclarant que « si réduire sa consommation de sel apparaît comme une bonne chose intuitivement, nous avons encore besoin de preuves pour le démontrer. »

En attendant, l'Organisation mondiale de la santé recommande toujours une consommation maximale de 5 grammes de sel par jour. Santé Canada y va plutôt d'une recommandation de 1 à 1,5 gramme par jour.