Après la crème glacée qui ne contient pas de crème, voici la «pseudo-crème glacée»... à l'huile!

Les producteurs laitiers du Canada profitent du beau temps pour lancer une nouvelle campagne de sensibilisation contre les produits de remplacement: «Méfiez-vous des apparences trompeuses: ces imitations de crème glacée sont faites avec des huiles végétales», nous prévient la publicité. Le «dessert glacé» contient essentiellement de l'huile de palme et de l'huile de noix de coco, ce qui empêche le fabricant d'utiliser le terme protégé «crème glacée», mais qui lui permet néanmoins de présenter son produit dans un emballage pareil à l'original.

Les producteurs laitiers n'y vont pas avec le dos de la cuillère: pour eux, il s'agit d'un «crime glacé» et ces gens sont des imposteurs.

En plus de condamner ces substituts de crème glacée, les agriculteurs travaillent fort pour que les transformateurs affichent la provenance du lait sur leurs produits. La désormais célèbre petite vache bleue est maintenant accompagnée de la mention «lait 100% canadien». Grâce à ce petit logo, le consommateur sait au premier coup d'oeil que le produit qu'il achète est fait de vrai lait d'ici.

Évident? Que non! Malgré le système de gestion de l'offre qui protège le marché du lait québécois, certains produits laitiers sont faits de protéines laitières modifiées qui sont importées. On peut donc se retrouver avec un fromage fin québécois qui contient des substances laitières néo-zélandaises.

Les transformateurs affirment que c'est une question de texture; les producteurs croient que c'est plutôt une question de coût.

Le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec, Marcel Groleau, rappelle que les consommateurs sont à la recherche de produits locaux mais qu'il faut leur donner le moyen de faire des choix éclairés.

Pourquoi les fabricants de crème glacée, de yogourt, de beurre et de fromage sont-ils si réticents à afficher la provenance du lait si cela peut inciter le consommateur à acheter leurs produits?

Encore une question de recette, explique Marcel Groleau: un tel sceau d'authenticité obligerait le fabricant à exclure systématiquement et en tout temps les produits laitiers étrangers.

Au Québec, trois géants de la transformation - Parmalat, Saputo et Agropur - transforment 83% du lait québécois. Agropur est déjà entré dans la danse et appose la fameuse petite vache sur ses contenants de crème glacée.

Saputo refuse de le faire. «Nous pourrions l'afficher sur plusieurs de nos produits, mais nous ne voulons pas l'utiliser parce que ses conditions d'utilisation ne sont pas bien définies», explique la porte-parole de Saputo, Karine Vachon.

Si les consommateurs se mettent à chercher le logo à l'épicerie, cela pourrait inciter les transformateurs à changer d'avis et à l'adopter.

Il y a quelques années, les producteurs s'étaient lancés dans une croisade contre la crème glacée sans crème. Plusieurs consommateurs se sont mis à regarder la liste des ingrédients des produits qu'ils achetaient et cela a mené au lancement de plusieurs gammes de crème glacée qui clament haut et fort qu'elles sont faites avec... de la crème!

Prochaine étape, la crème glacée 100% canadienne?