Maintenant qu'on a bien expliqué aux gens qu'ils doivent manger plus de fibres et moins de sel, plus de fruits et moins de gras trans, Québec s'adresse à l'industrie alimentaire et à tous ceux qui font manger les Québécois. Le message est clair: l'offre et l'expérience alimentaire doivent être améliorées. Mais pas de là à retirer les frites des menus...

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a dévoilé hier sa Vision de la saine alimentation, un outil de référence pour tout le milieu alimentaire. «Nous voulons aller en amont. Plutôt que de dire aux gens de ne plus manger de soupe ou de céréales parce qu'elles sont trop salées ou trop sucrées, nous voulons transformer l'offre alimentaire», a expliqué le sous-ministre et directeur national de la santé publique, Alain Poirier.

 

«On sait que 80% de notre apport en sel vient des aliments préparés, a précisé Rana Farah, nutritionniste au ministère de la Santé et des Services sociaux. Comment peut-on demander aux gens de réduire leur consommation de sel?»

La transition se fera en douceur. Le document de référence n'a pas force de loi, et ceux qui l'ont rédigé ont voulu parler un langage commun et plein de bon sens. On a donc classé les aliments en trois groupes: ceux que l'on devrait consommer quotidiennement, occasionnellement et exceptionnellement, selon leur valeur nutritive.

Les recommandations sur la fréquence de consommation dépendent aussi du type d'établissement où sont vendus les aliments. Par exemple, dans les écoles, pas de plaisirs exceptionnels s'ils sont frits. L'alimentation doit y être exemplaire, a expliqué Rana Farah. La pomme de terre y sera donc servie en purée ou au four.

Par contre, dans la restauration, on ne diabolise pas les frites, qui font partie des aliments à consommer de temps en temps. «Tous les aliments peuvent faire partie d'une saine alimentation», a dit le Dr Poirier. «Mais en travaillant sur l'environnement, on facilite les choix des consommateurs», a expliqué Rana Farah.

Ce document n'ayant pas force de loi, peut-on faire confiance à l'industrie? «Il y a des champions dans l'agro-industrie, dit la nutritionniste. Et ce sont souvent ceux qui font les changements les premiers qui finissent par influencer leurs pairs.»

En matière d'alimentation, les Québécois ont encore des croûtes à manger. Nous sommes les plus grands consommateurs de sel au pays, seulement le tiers de la population consomme les portions recommandées de produits laitiers, et la catégorie «autres aliments», qui comprend les croustilles, les boissons gazeuses et les vinaigrettes, représente près du quart des calories consommées quotidiennement.