Avec la multiplication des ingrédients fonctionnels qui sont ajoutés aux aliments vient la multiplication des promesses d'effets bénéfiques pour la santé.

Les fabricants ne sont pas tenus de faire approuver leurs emballages avant de lancer un nouveau produit sur le marché. À eux de formuler les allégations qui leur plaisent. «Mais ils doivent avoir en main les preuves de ce qu'ils avancent», explique Marie-Claude Langlois, vice-présidente de la société René Rivet, distributrice d'ingrédients santé. D'autant plus que les concurrents scrutent les produits et n'hésiteront pas à porter plainte à Santé Canada si l'un d'eux a de trop grandes prétentions. L'organisme fédéral peut aussi restreindre les affirmations, selon la littérature scientifique disponible.

 

L'année dernière, le mot «immunité» figurait en gros caractères sur l'emballage des biscuits au zeste d'orange de Leclerc. Il a été remplacé par la mention «santé digestive», car Santé Canada a conclu qu'il n'y a pas assez de preuves scientifiques pour affirmer qu'on stimule le système immunitaire en consommant des bactéries probiotiques, explique Marie-Claude Langlois. Tous les fabricants qui liaient leurs produits aux probiotiques à un effet sur le système immunitaire ont été forcés de revoir leur stratégie promotionnelle.

«Une allégation ne doit jamais être frauduleuse ou porter à confusion», explique le professeur Denis Roy, de l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l'Université Laval. Si un emballage ou un slogan est implicite, il devra être accompagné d'informations très précises. On ne peut pas simplement suggérer qu'un aliment a des bienfaits pour le coeur ou la santé des os.

Pour cette raison, les fabricants ne peuvent pas beaucoup vulgariser les données scientifiques qui expliquent les bienfaits de leurs produits. Dès qu'un aliment contient un probiotique, le fabricant doit indiquer lequel, quelle est sa fonction, la quantité que contient une portion et la dose recommandée pour obtenir l'effet souhaité, explique le professeur Roy.

Sur la boîte des biscuits Praeventia au gingembre de Leclerc, par exemple, il est clairement indiqué que la consommation quotidienne de 100 à 200 mg de B-glucanes active les cellules immunitaires neutrophiles et qu'il faut donc manger de un à deux sachets de biscuits par jour. Un peu compliqué pour un consommateur ne possédant pas de formation en biochimie, le mercredi soir, dans le rayon des biscuits! «Santé Canada nous demande d'être très précis dans nos allégations», explique Marie-Claude Langlois, qui vend ces B-glucanes sous le nom de Wellmune. «C'est un problème, poursuit-elle, car on ne nous permet pas d'utiliser un langage plus simple.» «Heureusement, dit-elle, les consommateurs changent beaucoup. Ils vont sur Google et font des recherches sur un ingrédient. Ils lisent des études cliniques. Ils regardent Kampaï à la télévision. Rappelons-nous qu'il y a quelques années, à peu près personne ne savait ce qu'étaient les oméga-3!»