Pourquoi manger des olives et des figues lorsqu'on vient d'un pays où poussent le chou et les baies, loin, loin des rives de la Méditerranée?

Parce que, preuves scientifiques à l'appui, le régime méditerranéen est si sain qu'il diminue, chez ceux qui l'adoptent, les risques de maladies du coeur et de diabète. Ils sont plus en santé, plus heureux et vivent plus longtemps, croyons-nous.

 

Et si le régime des pays nordiques avait le même effet bénéfique? Le régime original, s'entend. Celui qui fait la part belle aux produits de la terre et non à ceux qui sortent des industries et des restos-friture. C'est cette idée que veut vérifier un groupe de Danois. Après tout, tout comme l'assiette du sud de la France et de l'Italie, le régime scandinave est riche en poisson bien gras et en grains. Si on y ajoute les baies sauvages dont on ne cesse de vanter les propriétés antioxydantes et les légumes-racines que l'on peut se procurer toute l'année, on se retrouve devant une assiette au fort potentiel nutritif. Et un principe plein de bon sens: se réapproprier, en partie, l'alimentation locale.

Le projet s'appelle officiellement «Le Nouveau régime nordique». L'expérience est bien évidemment d'un intérêt particulier pour un pays comme le Canada, où l'alimentation et l'agriculture nordiques comptent de nombreux points communs avec celles des pays scandinaves.

Durant la première phase de l'expérience, des gens des métiers de bouche définiront ce qui doit être intégré dans le régime nordique. Ensuite, 1600 élèves joueront les rats de laboratoire et mangeront à l'école des menus faits à partir des ingrédients retenus.

Dès le départ, des chefs seront invités à vraiment mettre en valeur les produits danois. Au bout de tout cela, Le Nouveau régime nordique veut ramener des ingrédients locaux et sains dans les garde-manger du Danemark. L'idée n'est pas de bannir l'huile d'olive mais d'en déposer un filet sur un poisson fumé servi sur une salade de pomme de terre, par exemple.

Un millier de familles du pays testeront, au fur et à mesure, les idées créatrices et pratiques de 100 chefs danois. D'ailleurs, au coeur de ce projet se trouve Claus Meyer, un chef qui travaille à la reconnaissance de la cuisine nordique depuis des années. Son restaurant, Noma, fait honneur à la gastronomie nordique depuis sa création. Au départ, les gens étaient sceptiques et se demandaient bien ce qu'il y aurait au menu en hiver. Mais Noma compte maintenant deux étoiles au Guide Michelin et est considéré comme l'un des meilleurs restaurants du monde.

«Croyez-vous que le projet du Nouveau régime nordique pourrait-il inspirer d'autres États à reconsidérer leur propre gastronomie? a demandé La Presse à Claus Meyer.

- Toutes les cuisines régionales devraient chercher plus de cohérence. Cela serait idéal pour le climat, pour la fertilité de la planète, pour la biodiversité ainsi que pour la santé et la gastronomie s'il y avait un grand nombre de cuisines régionales et intelligentes. Un travail à commencer!»