Le saumon et la truite d'élevage sont aussi riches en oméga-3 et moins contaminés au mercure, BPC et dioxines que le saumon ou la truite sauvages. Les consommateurs soucieux de leur santé peuvent en manger tant qu'ils veulent et contribuer ainsi à réduire le risque de maladies cardio-vasculaires et de dépression.

La mise au point sur le contenu en oméga-3 et contaminants a été faite par une équipe de recherche de l'Université Laval et de l'Institut national de santé publique du Québec, à laquelle participait le Dr Éric Dewailly. On a analysé le contenu d'échantillons achetés dans divers supermarchés du Québec et chez des organismes de pêcheurs.Le Dr Dewailly signalait hier en conférence de presse que cette étude «remet les pendules à l'heure», en réfutant des allégations de l'industrie américaine du saumon sauvage qui déprécient la valeur du saumon d'élevage produit au Chili.

Ces résultats étaient livrés hier dans le cadre d'une Journée-conférence sur les liens entre les acides oméga-3 et les problèmes cardio-vasculaires et de santé mentale. L'évènement, qui a attiré des dizaines de médecins et de nutritionnistes, était organisé par la Chaire Lucie et André Chagnon pour l'avancement d'une approche intégrée en santé, basée à l'Université Laval.

Neuf études sur 10 montrent un lien inverse entre la consommation de saumon et les problèmes cardio-vasculaires, indiquait un autre conférencier invité, le professeur Michel de Lorgeril, de l'Université de Grenoble. Plus on consomme de poisson gras, moins il y a de risque de développer des problèmes cardiaques. La déficience en oméga-3 est un facteur tout aussi important que le tabagisme ou la sédentarité pour les maladies cardio-vasculaires.

Or, les Canadiens sont parmi les plus faibles consommateurs de poissons au monde ; ils devraient en manger quatre fois plus, soit deux à trois repas par semaine. Ou consommer plus d'huile de canola, elle aussi riche en acides oméga-3.

En plus de ce déficit, les Occidentaux connaissent aussi les effets de l'industrialisation de l'agriculture qui a complètement écarté les céréales contenant des oméga-3 (dont le lin) de l'alimentation des animaux, ajoutait le professeur de Lorgeril. Avec pour résultat que ces animaux sont en moins bonne santé et moins fertiles qu'autrefois. «Le déficit en oméga-3 est catastrophique».

Inertie

Les pouvoirs publics manifestent «beaucoup d'inertie» face à la situation, à son avis, en raison d'intérêts économiques divergents. Le scientifique français suggère au consommateur de ne pas attendre pour changer ses habitudes alimentaires. C'est aussi la position du Dr Dewailly qui ne croit pas, en outre, que les gouvernements devraient imposer à l'industrie alimentaire d'inclure de la poudre d'oméga-3 dans des aliments, comme on le fait déjà pour l'iode dans le sel ou la vitamine D dans le lait. «On est loin d'avoir fait tous les efforts pour augmenter notre quantité d'oméga-3», dit-il. «Le saumon et la truite sont des poissons de base qui peuvent faire la job. Ils sont comme les gens les aiment, des poissons qui ne goûtent pas le poisson !» Pour ceux qui détestent le poisson, le professeur suggère les gélules d'oméga-3 ; «Ce n'est pas cher et ça ne peut pas faire de mal.»

Sauf s'il s'agit de gros poissons comme le thon rouge, le mahi-mahi, l'espadon ou le requin, il n'y a pas de restriction à consommer du poisson une fois par jour, même pour les femmes enceintes. Avec 180 grammes de poisson par repas, sept fois par semaine, le consommateur avale moins de 40 % de la dose maximale permise de contaminants, précise le Dr Dewailly.

Santé mentale

La relation faite entre les acides gras oméga-3 et la santé mentale est plus récente et moins bien documentée. Quelques études indiquent que les oméga-3 pourraient jouer un lien dans la prévention de la dépression.

Les acides gras seraient utiles pour réduire les dépressions post-partum qui touchent une nouvelle mère sur huit et interviendraient aussi dans le développement du cerveau du foetus. Le lait maternisé a d'ailleurs été enrichi d'oméga-3, à la suite d'un consensus scientifique. Le lien entre les oméga-3 et la maladie d'Alzheimer est cependant plus incertain à ce moment-ci, concluait le Dre Dodin.