Près de 29% des salariées japonaises disent avoir déjà subi une forme de sexisme et 21,4% avoir été maltraitées lorsqu'elles étaient enceintes dans leur entreprise, selon une étude commandée par le ministère du Travail et de la Santé.

Même si l'acception du vocable japonais «sekuhara» (harcèlement sexuel) est bien plus extensive au Japon qu'en Europe (une invitation à dîner en tête-à-tête d'un supérieur est parfois considérée comme tel), les données montrent que les réflexions machistes, tendancieuses ou attenant trop à la vie privée constituent un vrai handicap pour les femmes dans l'entreprise, d'autant que les deux tiers des victimes n'osent pas dénoncer ces faits.

L'enquête, dont les résultats viennent d'être rendus publics, a été menée à l'automne dernier auprès de quelque 4654 salariées de 1711 entreprises et complétée par une étude sur internet avec 5000 réponses, le tout auprès de femmes de 25 à 44 ans.

Près d'un tiers des femmes se plaignent d'avoir dû endurer des attouchements ou invitations déplacées (y compris des propositions de relations sexuelles), des propos faisant allusion à la sexualité, l'affichage de photos licencieuses sur le lieu de travail, des questions sur leur intimité (vie de couple, présence d'enfants, etc.) ou de nature considérée comme outrancière.

Ces comportements ou mots inappropriés émanent d'hommes dans 56% des cas et de femmes dans 38%, selon la même enquête.

Par ailleurs, plus d'une femme enceinte sur cinq souffre au travail de mauvais traitement moral ou physique de la part de supérieurs ou collègues, un phénomène appelé «matahara» (harcèlement lié à la maternité) qui constitue non seulement une raison importante de l'arrêt de travail avant la naissance d'un enfant, mais peut aussi conduire à des accidents (avortement spontané, naissance prématurée).

«Le matahara n'est pas seulement le fait d'hommes, mais aussi de femmes», insiste le document, alors que les pouvoirs publics et organisations non gouvernementales ont lancé plusieurs actions simultanées pour tenter d'endiguer ce problème dans un pays déjà en proie à une inquiétante dénatalité.

Le gouvernement japonais reconnaît comme un grave problème le fait que plus de la moitié des femmes qui accouchent choisissent de renoncer à travailler, faute non seulement de structures d'accueil pour leurs enfants, mais aussi en raison de l'inadéquation de l'environnement du travail aux conditions des jeunes mamans.