Les déodorants et les antisudorifiques vendus en magasin sont approuvés par Santé Canada, mais plusieurs consommateurs se retrouvent avec des rougeurs et des boursouflures dans la région des aisselles. D'autres ne réussissent pas à trouver un produit qui masque leurs odeurs. La Presse s'est penchée sur ces problèmes délicats qui touchent particulièrement la clientèle masculine.

En raison de la transpiration et de la moiteur, les aisselles sont l'une des parties du corps qui contiennent le plus de bactéries par centimètre carré: sur la peau, sous la peau (à l'intérieur des glandes sudorales) et dans les follicules pileux, soit la cavité dans laquelle le poil prend naissance.

Ces bactéries sont responsables des mauvaises odeurs. «Celles qui habitent les aisselles détruisent les huiles de la peau, ce qui crée des parfums peu agréables, explique le dermatologue Alfred Balbul. La sueur fraîche elle-même n'a aucune odeur perceptible, en théorie.»

La transpiration et ses effets varient selon les parties du corps, les types de bactérie, l'âge de l'être humain, son alimentation et son sexe. «En général, les hommes transpirent plus que les femmes, en raison de leurs hormones. Plus ils suent, plus il se crée des bactéries et plus il y a des chances qu'ils atteignent un stade de mauvaise odeur», résume Kim Blanchette, pharmacienne chez Brunet à Amos.

Les hommes qui s'inquiètent de leur niveau de sudation et des effluves qu'ils dégagent ont souvent tendance à mettre trop d'antisudorifique, ce qui pourrait être l'une des causes de leurs irritations. «Certains se beurrent le dessous de bras comme si c'était des fesses de bébé, illustre la pharmacienne. S'ils y allaient plus mollo sur le bâton, ça leur donnerait une chance. Quand on a des rougeurs après l'application, il faut en mettre moins ou arrêter.»

Produits chimiques pointés du doigt

Les frottements répétés avec la peau et les vêtements causent également des irritations. Mais les principaux responsables des réactions cutanées se trouvent parmi les ingrédients des antisudorifiques: parfums, parabène, alcool, sels d'aluminium. «Le chlorure d'aluminium et le chlorure de zirconium sont des molécules efficaces dans les antisudorifiques, mais ils demeurent des produits chimiques qui agressent la peau, explique la pharmacienne. Naturellement, les gens à la peau sensible réagiront davantage.»

Aux consommateurs qui envisagent d'utiliser des produits hypoallergènes, qui coûtent souvent plus cher, le Dr Balbul suggère d'abord de faire des tests. «C'est très difficile de déterminer quel ingrédient nous fait réagir, mais ça vaut la peine de rencontrer un dermatologue pour faire des dépistages cutanés, dit-il. Le parabène cause peu de problèmes. Le parfum, parfois. Mais la plupart des réactions sont générées par les sels d'aluminium.»

Les odeurs qui persistent...

Certaines personnes transpirent en raison du stress, mais ne suent pas une goutte en faisant deux heures de sport intense. D'autres ont le sentiment d'évacuer des «litres» d'eau et de ne jamais venir à bout de leurs odeurs. «Une personne peut avoir une odeur plus sévère parce que les bactéries de ses aisselles sont différentes, note le dermatologue. L'alimentation joue aussi un grand rôle. Spécialement quand on mange des asperges, du brocoli, des oignons, de l'ail et des mets épicés.»

Il existe aussi des gens qui essaient quantité de déodorants commerciaux, sans jamais trouver celui qui fera disparaître leurs odeurs.

C'était le cas du conjoint de Lucie Martel. «Il sentait un peu mauvais en sortant de la douche, se souvient-elle. Il réglait le problème avec du déo, mais une heure plus tard, les mauvaises odeurs revenaient. Ça l'énervait beaucoup. Il prenait trois ou quatre douches par jour durant l'été.»

Le jour où une collègue lui a parlé d'un déodorant naturel qui fait des merveilles, elle a décidé de le reproduire à la maison pour sauver des sous. Résultat: le problème de son conjoint s'est réglé. «Même s'il travaille fort physiquement toute la journée et qu'il transpire beaucoup, il ne sent plus! Il est vraiment très content!»

Les ingrédients du produit sont simples à trouver: de l'huile de coco aux propriétés antibactériennes, du bicarbonate de soude en petite quantité pour enlever les odeurs et de la farine d'amarante pour l'absorption. La mixture est très rapide à faire. Peu à peu, les autres membres de sa famille ont adopté le produit. 

La pharmacienne Kim Blanchette met toutefois en garde quiconque voudrait produire un antisudorifique à la maison. «Il faut savoir mélanger les produits chimiques, faire attention au niveau d'aluminium, à la stabilité et à la conservation des produits», dit-elle.

Elle ajoute qu'il est très difficile de connaître le niveau d'absorption des produits par la peau, même si ceux-ci ne sont pas appliqués sur une grande surface. «Je ne dis pas de voir tout comme un danger, mais tout ce qu'on se met sur la peau peut être absorbé jusque dans la circulation sanguine. Il faut être très prudent.»

Quels produits acheter?

Suggestions de Jenny Ha, gérante d'une galerie beauté dans un Pharmaprix de Montréal. «Je recommande souvent aux clients qui ont la peau sensible d'utiliser les produits Crystal: ils sont faits de minéraux naturels, d'eau, de potassium et de cellulose. La marque Tom's, qui ne contient pas de fragrance artificielle, de parabène ou d'aluminium. Ou quelques produits Vichy, un peu plus chers, qui n'ont aucun ingrédient problématique. 

Impact du rasage 

La gestion du poil peut parfois s'avérer problématique. «Les gens qui conservent leurs poils aux aisselles limitent de beaucoup l'absorption des sels d'aluminium, souligne Kim Blanchette. À l'inverse, c'est plus risqué d'appliquer un antisudorifique ou un déo sur une peau fraîchement rasée, qui vient de subir une agression.» Le dermatologue Alfred Balbul abonde. «Je conseille aux gens de ne pas appliquer du déo tout de suite après le rasage. Idéalement, ils devraient attendre environ 12 heures ou jusqu'au lendemain matin.»