Certains pesticides augmentent le risque de myopie chez les hommes, mais pas chez les femmes, selon une nouvelle étude dévoilée lundi au congrès de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS).

«Mon doctorat porte sur l'impact des contaminants environnementaux sur le développement du cerveau chez les Inuits», explique Vincent Migneron-Foisy, étudiant en psychologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Il y a eu chez eux une forte augmentation de la myopie, de 1-2 % à plus de 50 % de la population.»

«J'ai eu accès à des données américaines très poussées sur différents contaminants et j'ai décidé de faire une analyse pour les pesticides, qui sont très courants dans l'environnement, et la myopie. Certaines études montrent qu'ils pourraient affecter le développement du cerveau durant l'enfance et l'adolescence.»

M. Migneron-Foisy a testé deux catégories de pesticides - les organophosphorés et les pyréthroïdes - dont les résidus étaient mesurés dans l'urine de plus de 11 300 personnes de son échantillon. Le risque n'augmentait pas avec les pyréthroïdes, mais il grimpait de 68 % pour la myopie grave chez les garçons si leur dose d'organophosphorés augmentait d'un facteur de dix. La moyenne d'exposition était particulièrement haute parce que certains cobayes avaient des taux très élevés, probablement à cause d'un travail agricole.

«Ce n'est certainement pas assez pour expliquer l'augmentation rapide de la myopie en Asie, une région où 90 % des enfants sont maintenant myopes, dit M. Migneron-Foisy. D'autres études ont lié cette hausse de façon beaucoup plus forte au temps qu'un enfant passe devant un écran ou à jouer dehors. Mais il est important de comprendre le mécanisme impliqué.»

L'exposition aux pesticides explique- t-elle au moins une partie de l'augmentation chez les Inuits? «Ils sont beaucoup exposés à ces pesticides parce que les courants marins les amènent depuis l'Asie jusqu'en Arctique, dit l'étudiant de l'UQAM. Ensuite, ils s'accumulent dans les poissons.»

Une raison biologique explique-t-elle la différence entre les sexes? «Il pourrait y avoir une interaction avec les hormones sexuelles, mais on ne la connaît pas», dit M. Migneron-Foisy.