Une nouvelle étude paraît relativiser l'importance des mammographies dans la réduction de la mortalité par cancer du sein, qui s'expliquerait davantage par une amélioration des traitements et une prise de conscience accrue des femmes.



De précédentes études, effectuées il y a plusieurs décennies, montraient que les mammographies abaissaient le taux de mortalité du cancer du sein de 15 à 25%, à une époque où les thérapies étaient moins efficaces, relève le Dr Gilbert Welch, professeur à la faculté de médecine de l'Université de Dartmouth (New Hampshire, nord-est) dans un éditorial accompagnant l'étude publiée dans le New England Journal of Medicine.

En revanche, cette dernière recherche, conduite de 1996 à 2005 à partir de l'analyse de données provenant de 40 075 femmes de 50 à 69 ans en Norvège souffrant d'une tumeur cancéreuse du sein, relève que la mammographie seule a permis une diminution de seulement 10% de la mortalité.

En outre, une réduction de 8% de la mortalité a été observée parmi les femmes âgées de plus de 70 ans invitées à participer au programme de l'équipe multidisciplinaire ayant mené cette recherche, bien qu'elles n'aient pas subi de mammographie.

Si on tient compte de ce groupe de femmes plus âgées, le taux relatif de baisse des décès directement liée à une mammographie n'est que de 2%, souligne le Dr Welch.

Or, relève ce dernier, le groupe de travail des services de prévention du gouvernement américain (U.S. Preventive Services Task Force) évalue officiellement la baisse de mortalité par cancer du sein attribuable à la mammographie à 15 à 23% et cet examen est recommandé annuellement à partir de 50 ans.

Selon le Dr Welsh cette différence pourrait s'expliquer par le fait que le gouvernement fédéral s'appuie sur des résultats d'études cliniques comparatives tandis que la recherche norvégienne, menée par le Dr Mete Kalager, s'appuyait sur les observations de patientes déjà atteintes d'un cancer du sein.

L'idéal serait de mener aujourd'hui une étude avec des femmes dont la moitié seraient désignées pour avoir une mammographie et les autres pas.

Mais selon les cancérologues, personne n'investirait dans un tel essai clinique puisqu'il est généralement admis que les mammographies permettent d'empêcher des décès dus au cancer du sein.

Il est toutefois possible que l'étude norvégienne, qui se poursuit, relève ultérieurement un rôle plus grand des mammographies dans le taux de survie des femmes atteintes d'un cancer du sein, selon ces chercheurs.

Le Dr Otis Brawley, de l'American Cancer Society, a indiqué dans un communiqué que cette association «pense que l'ensemble des études et données médicales confortent le fait qu'une mammographie régulière est importante dans les soins préventifs des femmes».

Le Dr Carol Lee, une radiologiste du centre anti-cancéreux Memorial Sloan-Kettering à New York, a souligné que cette nouvelle étude confirmait que les mammographies sauvent des vies.

«La mortalité résultant du cancer du sein diminue et je pense que la mammographie y contribue», a-t-elle dit au New York Times.

En novembre 2009, les services de médecine préventive américains, un organe indépendant de médecins et de scientifiques faisant des recommandations aux gouvernement fédéral, avait suscité une levée de boucliers après avoir contesté l'utilité des mammographies annuelles chez les femmes âgées de 40 à 49 ans et avaient également recommandé de faire passer la fréquence des mammographies pour les femmes de 50 à 74 ans à une tous les deux ans.