Première nuit, premier repas, premiers mots. La vie de bébé est jalonnée de ces « premières fois » qui soulèvent bien des questionnements et des inquiétudes pour ses parents. La Presse rencontre parents et experts autour de ces moments mémorables.

Geneviève Goulet et Guillaume Vachon étaient complètement épuisés lorsqu'ils sont rentrés à la maison avec leur poupon né à la suite d'une césarienne d'urgence. Épuisés, mais fiers et heureux de se retrouver enfin « juste tous les trois ».

La première nuit a été éprouvante. Seuls les bras de ses parents semblaient apaiser le petit Edward de 7,5 lb qui pleurait sitôt qu'on le déposait dans son moïse installé dans la chambre de ses parents. « Nous nous sommes relayés toute la nuit afin qu'il dorme sur nous, relate Geneviève Goulet, conseillère en orientation de 30 ans. Ça s'est poursuivi quelque temps. J'étais à l'aise avec notre décision de répondre à son besoin d'être porté et réconforté, mais j'ai parfois douté. Faisions-nous la bonne affaire ? »

Au bout de quelques jours, en suivant les conseils de leur sage-femme, les nouveaux parents ont adapté les vêtements de nuit et le lit de bébé afin qu'il s'y sente plus soutenu et enveloppé. Edward a accepté de dormir dans son berceau.

DODO, L'ENFANT DO

Dès que son fils a dormi plus de 10 minutes seul, Geneviève Goulet n'a pu s'empêcher de surveiller sa respiration. « Le syndrome de mort subite du nourrisson demeure une crainte de tous les instants, confie la maman. Les premières nuits, j'allumais fréquemment la veilleuse de son moïse pour regarder la position de sa tête et sa cage thoracique se soulever. J'ai dû le faire 10 fois les premières nuits ! »

De son côté, Guillaume Vachon reconnaît avoir ressenti du stress les premières semaines : « Un nouveau-né a besoin de manger, d'être réconforté et d'être propre. Or, même ces besoins primaires sont parfois difficiles à combler, car il a mal au ventre ou n'est pas bien sans qu'on sache pourquoi. »

« C'est difficile, mais alors que notre fils apprend à être un petit humain, nous apprenons à être ses parents. »

- Guillaume Vachon, papa d'Edward

Edward a maintenant 6 semaines. Son papa a repris le travail. La routine nocturne des boires et changements de couche est mieux intégrée. Sa maman redoute à présent l'étape où son garçon dormira dans sa chambre, dans le lit que son père a fabriqué de ses mains. « J'appréhende ma réaction lorsqu'il ne sera plus près de moi et la sienne lorsqu'il verra qu'on n'est pas à ses côtés à son réveil, confie-t-elle. La chambre est si près de la nôtre que je n'ai pas cru bon d'acheter de moniteur. Je vais peut-être changer d'idée. »

CONSEILS DE L'INFIRMIÈRE

Est-il normal qu'il se réveille si souvent pour boire ? Quand fera-t-il ses nuits ? Sandra Faria, infirmière en santé parentale et infantile au CIUSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, en convient : après l'allaitement, le sommeil est le deuxième sujet de préoccupation des nouveaux parents.

Lors des visites postnatales à domicile, elle veille à répondre à toutes les questions et à valider ce qui a été entendu à l'hôpital. « Le syndrome de la mort subite du nourrisson fait peur, convient l'infirmière, mais lorsque les parents prennent connaissance des principales mesures de prévention, ils sont généralement rassurés. »

Quelles sont-elles ? Le nourrisson doit être couché sur le dos sur un matelas ferme muni d'un drap contour et de rien d'autre. Si une couverture est nécessaire, elle doit être légère et fixée au pied de la couchette. Selon la Société canadienne de pédiatrie, le lieu de sommeil le plus sécuritaire pour le nourrisson est sa propre couchette installée dans la chambre de ses parents, pour les six premiers mois.

Pour les bébés qui, comme Edward, ont de la difficulté à dormir seuls dans leur lit, l'infirmière suggère l'emmaillotage, en veillant à ce que bébé ne soit pas trop serré et qu'il ait libre accès à ses mains.

« Dès que bébé dort facilement, je conseille aux parents de le déposer avant qu'il soit complètement endormi. Cela lui apprendra peu à peu à trouver le sommeil seul. »

L'instauration très tôt d'une routine du dodo s'avère profitable pour tous, conclut Sandra Faria. « Chaque soir, on répète les mêmes gestes : papa ou maman donne le bain, lit une histoire ou chante une chanson. L'enfant aura alors des repères pour se sécuriser et trouver plus facilement le sommeil. »

POUR EN SAVOIR PLUS

Le sommeil - Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans, de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Votre enfant est-il en sécurité ? À l'heure du coucher, de Santé Canada

QUAND FERA-T-IL SES NUITS ? (dormir 5 heures ou plus entre 23 h et 8 h)

• 70 % des bébés « font des nuits » à 3 mois

• 85 %des bébés, à 6 mois

• 90 % des bébés, à 10 mois

Source : Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans, 2017