De plus en plus d'adolescents québécois se tourneraient vers l'automutilation pour composer avec le tumulte intérieur qui les habite. C'est ce que soutient le psychiatre en chef de l'Hôpital de Montréal pour enfants, Martin Gauthier.

Ainsi, le nombre d'adolescents qui mutilent leur corps de manière délibérée et répétée en «tailladant, coupant ou mordant» leur chair augmenterait à un rythme alarmant. Au début de sa pratique, il y a 25 ans, le docteur Gauthier explique que les jeunes qui s'automutilaient étaient généralement des psychotiques, des déficients intellectuels ou des autistes. Aujourd'hui, le problème s'est étendu.



Le psychiatre affirme qu'environ la moitié des patients adolescents dont il s'occupe aujourd'hui s'automutilent. Il souligne que, dans la population en général, certains sondages laissent entendre qu'un adolescent sur trois s'inflige des blessures volontaires. L'automutilation serait pratiquée également par les garçons et les filles de tous groupes raciaux et socioéconomiques.



Le docteur Gauthier croit que l'automutilation est rarement un symptôme de maladie mentale grave ou un mode de suicide. En fait, elle serait souvent le fait d'un tumulte intérieur causé par des expériences douloureuses ou non résolues, comme une profonde angoisse ou un contrecoup émotionnel dû à l'intimidation, la violence sexuelle ou physique ou la cruauté mentale.



La plupart des adolescents qui se mutilent le feraient parce qu'ils chercheraient à se «sentir mieux». L'automutilation les aiderait à soulager la tension et à reprendre leurs activités normales.