On a beaucoup parlé de stress cette semaine dans La Presse. Un stress qui ronge beaucoup d'entre nous et qui, trop souvent, est mal géré, demeurant du coup incontrôlé, voire incontrôlable. Un stress que de nouveaux tests biologiques pourraient toutefois nous aider à mieux comprendre, révélait aussi la collègue Marie-Claude Malboeuf dans sa série de reportages sur la question.

Mais qu'en est-il des enfants? On le sait, ils sont malheureusement loin d'être à l'abri d'un des grands maux du siècle. D'après les experts, entre 7 et 17% des enfants souffrent aussi de troubles anxieux, soit, selon les estimations, autour d'un enfant sur 10. Oui, c'est énorme, confirme la psychologue Geneviève Marcotte, qui voit défiler quotidiennement dans son bureau des enfants de 5 à 14 ans aux prises avec un stress qu'ils ont malheureusement bien du mal à cerner.

Parce que les enfants ne lisent pas les reportages sur la question dans les journaux, fait valoir la psychologue, ils n'en entendent jamais parler dans la cour d'école, ils se croient du coup seuls au monde aux prises avec leurs peurs. D'où l'importance de dédramatiser.» Notre première intervention, c'est de normaliser ce stress. Il faut faire comprendre aux enfants qu'ils ne sont pas seuls, que l'anxiété ne les contrôle pas, et qu'au contraire, c'est à eux de la contrôler», explique-t-elle en entrevue.

C'est précisément pour cela qu'elle vient de publier, avec sa collègue Nathalie Couture, Incroyable Moi maîtrise son anxiété, aux éditions Midi Trente. Le livre, fait inusité, s'adresse ici aux enfants d'abord (d'où les illustrations sympathiques, le langage clair et concis, et surtout les exercices pratiques), et aux parents ensuite. Pourquoi tant de stress chez les enfants qui, par définition, ne vivent pas toutes les contraintes professionnelles et familiales de leurs parents? On ne le sait pas précisément, répond la psychologue, mais plusieurs facteurs seraient en jeu: le tempérament de l'enfant, la famille (oui, un parent stressé peut, mais «pas nécessairement», aussi stresser son enfant), l'environnement (un déménagement, une maladie), ou des troubles divers (notamment les troubles d'apprentissage).

La difficulté avec un enfant, poursuit-elle, c'est qu'il ne verbalisera pas toujours son stress. Si certains diront effectivement qu'ils «ont peur», d'autres pleureront beaucoup, piqueront des colères, seront impolis en classe, etc. D'où l'intérêt du livre, qui accompagne et encourage l'enfant à calmer son corps (en proposant des exercices de relaxation), calmer ses esprits (en questionnant ses pensées négatives, pour les remplacer par des pensées plus positives), à se rassurer soi-même, et surtout, à affronter ses peurs. Qu'il s'agisse de dormir seul dans le noir ou de faire une présentation orale en classe, le procédé est toujours le même: comprendre pourquoi j'ai peur, me questionner sur ce qui pourrait vraiment arriver, est-ce vraiment réaliste, est-ce toujours «si pire», bref, dédramatiser et « défaire la structure de pensée», pour pouvoir, enfin, oser affronter et surmonter sa peur.

Et tout comme les adultes, on suggère ici aux enfants plus anxieux d'adopter une bonne hygiène de vie: oui, eux aussi doivent bien dormir, manger, et aussi bouger, pour être moins stressés... «Parce qu'à la base, entre le stress des adultes et celui des enfants, les fondements théoriques restent les mêmes», confirme la psychologue.

Incroyable Moi maîtrise son anxiété, de Geneviève Marcotte et Nathalie Couture, éd. Midi Trente, 47 p ., 19,95$.