Un enfant sur 50 est atteint de «troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité» (ADHD), un problème dont les causes sont mal établies et qui pourrait avoir une origine partiellement génétique, selon une étude publiée jeudi.

Cette affection, qui se traduit par une agitation de l'enfant, un manque d'attention, une difficulté à se concentrer, une impulsivité, entraîne des problèmes scolaires et touche davantage les garçons que les filles. Les symptômes apparaissent dès la première année de vie.

Les causes avancées sont variées : laxisme des parents, alimentation trop sucrée, troubles biochimiques concernant les neurotransmetteurs...

On imagine aussi des causes génétiques, puisque le risque que l'enfant soit hyperactif est augmenté si un des parents l'est et que si un vrai jumeau est hyperactif, l'autre a 75% de chances de l'être aussi. Une étude, publiée jeudi par la revue britannique spécialisée the Lancet, montre pour la première fois une preuve directe qui va dans ce sens.

Des chercheurs, conduits par Anita Thapar, professeur de génétique à l'université de Cardiff (Pays de Galles), ont comparé l'ADN de 366 enfants souffrant d'hyperactivité et celui de 1 047 n'en souffrant pas. Ils ont constaté alors que les enfants hyperactifs risquaient davantage d'avoir dans leur génome des petits fragments d'ADN en double ou absents.

Ces fragments -des variations de copies d'un gène, ou CNV- jouent un rôle de valve de contrôle sur les gènes, leur absence ou leur duplication pouvant modifier l'expression des gènes.

Ils ont constaté aussi que ces fragments se trouvaient dans des emplacements, comme le chromosome 16, qui sont impliqués dans la schizophrénie et l'autisme, une maladie qui présente certaines similarités avec l'hyperactivité, comme la difficulté à apprendre.

Pour les chercheurs, on peut donc imaginer une base biologique commune aux deux pathologies.

«On peut affirmer aujourd'hui que l'hyperactivité est une maladie génétique et que les cerveaux des enfants présentant ces symptômes se développent différemment des autres», a déclaré Anita Thapar.

«L'hyperactivité n'est pas causée par un seul changement génétique, mais probablement par plusieurs, dont les CNV, en interaction avec des facteurs environnementaux non-identifiés», a modulé une autre chercheuse, Kate Langley.