Les enfants souffrant d'un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et traités médicalement ont de meilleurs résultats aux tests scolaires que ceux n'ayant pas de traitement, selon les résultats de la première étude menée sur le long terme sur les bénéfices de ces médicaments, largement utilisés.

Cette étude qui a bénéficié de fonds publics est publiée dans le numéro de mai de la revue américaine Pediatrics. Les auteurs se déclarent indépendants des laboratoires pharmaceutiques produisant des médicaments contre l'hyperactivité.

Près de 600 enfants atteints de TDAH, trouble comportemental caractérisé par des problèmes de concentration et d'impulsivité, suivis du jardin d'enfant au CM2, ont été suivis pour cette étude nationale.

Les auteurs ont examiné leurs performances lors de plusieurs tests standard en mathématiques et en lecture réalisés pendant toutes ces années.

Les enfants traités enregistraient un score de près de trois points de plus en maths et de plus de cinq points de plus en lecture, comparé aux enfants atteints de TDAH mais non-traités. La différence correspondant à trois mois d'avance en lecture, environ, et deux mois en maths, selon les chercheurs.

Les deux groupes avaient toutefois des scores en moyenne inférieurs à ceux du groupe d'enfants indemnes de la maladie. Pour les chercheurs qui reconnaissent cet écart, les bénéfices obtenus chez les enfants traités sont malgré tout remarquables.

Dans cette étude, «nous n'essayons pas de dire que les médicaments sont la seule réponse», mais les résultats suggèrent des bénéfices que les parents, les éducateurs et les responsables ne devraient pas ignorer, estime Richard Scheffler, auteur principal et professeur à l'école de santé publique de l'Université de Californie à Berkeley.

D'autres traitements, notamment les thérapies comportementales ou le soutien scolaire, peuvent aider les enfants, ajoutent les auteurs, mais l'étude ne les a pas pris en compte. La plupart des enfants traités prenaient des stimulants, mais qui ne sont pas identifiés dans l'étude.

Environ 4 millions d'enfants américains sont touchés par le TDAH, la moitié environ prenant un médicament sur ordonnance, notamment de la ritaline, un puissant stimulant. Il permet de contrôler l'agitation extrême et le comportement impulsif, caractéristiques du TDAH.

Souvent, les enfants hyperactifs ont beaucoup de mal à l'école, et obtiennent des notes inférieures à celles de leurs camarades de classe. Ils abandonnent aussi plus souvent leurs études.

Les recommandations de l'Académie américaine de pédiatrie soulignent que les médicaments stimulants sont efficaces mais que les thérapies comportementales doivent elles aussi être utilisées.

Les enseignants préconisent souvent les médicaments qui peuvent calmer des enfants au comportement perturbateur. Mais c'est une question problématique pour beaucoup de parents, inquiets de donner des médicaments aux effets secondaires connus, notamment la perte d'appétit, la perte de poids ou l'insomnie.

Des études précédentes ont déjà montré que les professeurs mettent de meilleures notes aux enfants sous médication qu'aux autres. Pour les auteurs de l'étude, les enseignants préfèrent peut-être tout simplement ces élèves-là, dont le comportement est plus acceptable que celui des enfants non traités.

Pour le Dr Bennett Leventhal, professeur de psychiatrie à l'Université de l'Illinois à Chicago et extérieur à l'étude, ces résultats sont impressionnants. «Ca ne veut pas dire que chaque enfant touché par le TDAH devrait être sous médicaments», juge-t-il. Mais des études antérieures ont déjà suggéré que cela peut être positif pour la plupart des enfants concernés, ajoute-t-il.

Le Dr Louis Kraus, psychiatre du centre médical de l'Université Rush de Chicago, craint de voir les parents choisir le traitement médicamenteux sans envisager d'autres options. Pour lui, il faut d'abord essayer une thérapie comportementale.

Blake Taylor, 19 ans, étudiant à Berkeley, traité depuis l'âge de cinq ans, ne s'est pas déclaré surpris par les résultats. Le traitement «ne me rend pas plus intelligent», déclare-t-il, «il me permet de me concentrer, d'être mieux organisé».

Et de raconter avoir raté un examen qu'il avait pourtant beaucoup révisé, un jour où il n'avait pas pris ses médicaments: incapable de se concentrer, son esprit vagabondait, distrait par les affiches sur les murs et par le bruit des enfants jouant dans la cour.